José Anigo, malgré les stars arrivées au PSG cet été, l’OM reste le premier club dans le cœur des français…
Je sais très bien le nombre de maillots que l’on vend : autour de 450 000 à travers la France. Aujourd’hui, en termes d’images, on a un vrai outil et c’est une bonne chose. Mais il n’y a pas que cela. Plus les gens se retrouveront dans l’OM, plus on sera populaire. Si l’on prend le cas du PSG, c’est un club puissant financièrement. Seulement, Paris n’appartient pas à un propriétaire mais à un Etat, le plus riche au monde : le Qatar. Donc c’est un PSG un peu colonisé. Moi, j’aime bien ce coté marseillais, fidèle à ce que l’on est. Bien sûr, on aimerait avoir des stars mais il y a aussi une philosophie qu’il faut garder et des convictions. Rester dans cette fibre populaire qui nous va bien et qui colle bien au club, c’est parfait.
Certains joueurs ont pourtant voulu partir…
Vu la saison disputée l’an passé, beaucoup étaient meurtris. Il a fallu convaincre tout le monde pour pouvoir les retenir. Chacun a mis son grain de sel pour que cette équipe prenne forme et pour que les joueurs cadres restent en place. Beaucoup ont une vraie passion pour le club et ont manifesté l’intérêt de rester. Et c’est tout à leur honneur.
Regrettez-vous votre Mercato ?
On peut toujours regretter les choses mais au final, on a joué sept matchs et on en a gagnés six. On perd contre Valenciennes, certes, mais qu’est ce qu’il y a à regretter ? Rien. On verra au Mercato de janvier s’il faut retoucher l’effectif. On aura un peu plus de marges mais pour l’instant, on va faire avec ce que l’on a. Diawara va revenir, N’Diaye aussi. Mendes va jouer car il est arrivé blessé. On a un groupe pour bien figurer dans le championnat.
D’autant plus que l’OM a réalisé ce départ canon…
Le bon début de saison, il faut l’attribuer à Elie (Baup) car il est arrivé dans un contexte pas simple. Il fallait remettre en place une organisation autour de l’équipe et même du club. On a bossé là-dessus. L’arrivée d’Elie a permis de mettre plus de fraîcheur dans la tête des joueurs, dans leur façon de penser, d’aborder les problèmes… C’est beaucoup plus direct, moins sinueux. Grâce à cela, il y a plus de sérénité, de sourires, de calme. Ils ont démarré le championnat sans se poser de questions, sans crainte et avec confiance. C’était un gros travail. On a aussi été en réussite là où ça nous fuyait l’an dernier. L’arrivé d’Elie Baup a permis de retrouver une vie dans le groupe.
« Je n’aurais pas pu continuer dans les conditions de l’an dernier »
Pourquoi avoir choisi Elie Baup justement ?
On avait une liste avec plusieurs noms dont celui d’Elie. Tous ont eu un entretien avec Vincent (Labrune) et Margarita (Louis-Dreyfus). Ensuite, Vincent m’a demandé ce que j’en pensais évidemment. Et de manière logique, le choix s’est porté sur Elie. Même s’il n’a pas entraîné depuis trois ans, il connaît le métier. Le fait d’avoir travaillé pour une chaîne de télévision, d’avoir vu les matchs et d’être resté autant de temps sans entraîner, ça te donne une réflexion différente. Tu n’as pas la même vision sur ta manière d’entraîner, d’aborder certains problèmes dans un groupe… Il est revenu avec une énergie positive et j’apprécie de travailler au quotidien avec lui. Ça n’a pas été le cas avec tous les entraîneurs (sourire).
L’an dernier, on vous a senti au bout du rouleau…
Lorsque je parle, je ne fais pas de langue de bois. Je n’aurais pas pu continuer dans les conditions de l’an dernier (ndlr : avec Didier Deschamps) car personne n’était heureux. Personne. Maintenant, je le suis de nouveau. Je viens le matin, je vois les gens heureux qui plaisantent… On est une bande qui a envie de réussir. On a les crocs car on ne lâchera rien, tout en ne se prenant pas la tête. Tout n’est pas dramatique lorsque l’on perd et tout n’est pas forcément grand lorsque l’on gagne.
Quel est le nouveau message du club ?
On veut montrer une image de combat, de lutte, avec moins de moyens que les grands clubs comme Paris. Le sport devient beau lorsque tu y mets de la folie, de la passion, du sérieux. On souhaite que notre équipe se lâche, ne joue pas avec le frein à main, ne se pose pas de questions mais qu’elle reste sérieuse dans l’organisation mise en place par Elie. Et c’est ce qu’elle fait. Elle ne triche pas.
Vous faites partie du club depuis plus de dix ans. Pourquoi rester à Marseille ?
Lorsque tu occupes ce poste, tout ce qui est raconté est une quantité de mensonges. Je peux comprendre que l’on ne soit pas aimé par tout le monde. Mais c’est tellement absorbé par les bons cotés de ce métier car j’aime ce club. Le jour où je partirai, je serai toujours supporter de l’OM. L’éclosion de joueurs, les victoires, les moments avec le groupe sont autant de raisons qui font que j’aime venir bosser ici. Pour les gens, l’OM est encré dans leurs tripes.
« Cette fibre, cette "marseillitude" contre ce parisianisme… »
Le Clasico de dimanche s’annonce chaud entre le leader et son dauphin…
J’ai connu d’autres Clasicos bouillants. Le PSG est sans limite financière. Il peut se payer des joueurs comme Ibrahimovic et voir arriver Cristiano Ronaldo. Peu d’équipes en France peuvent rivaliser. C’est l’histoire de David contre Goliath. On va essayer de s’accrocher avec nos moyens et on va faire partie de ceux qui vont lutter avec Paris. On verra ce qui en ressortira. Sur la saison, ça me parait un peu compliqué car il y a un effectif de qualité et de quantité. Mais sur un match, à Marseille…
C’est ce que tu mets dans ton short ce jour-là, ce que tu mets dans ta tronche et ce que tu mets comme vie sur le terrain pendant une heure et demie. 
On n’a rien à envier au PSG et sur un match, on est capable de faire quelque chose.
Quel sera le discours pour ce genre de match ?
Cette fibre, cette « marseillitude » contre ce parisianisme… 
On va essayer de transmettre l’histoire que représentent les OM-PSG. Ce sont des gros matchs avec de l’engagement et des valeurs. On va expliquer aux joueurs ce que ça représente pour les Marseillais. Quand l’OM gagne, ils viennent travailler avec la banane. C’est la vie d’un Clasico mais c’est aussi la vie d’un supporter de l’OM qui a battu Paris et sa semaine n’est pas la même.
On sait très bien que ça va être compliqué mais on y va avec une pierre et une fronde.
Considérez-vous Zlatan Ibrahimovic comme le meilleur joueur de la Ligue 1 ?
C’est vrai qu’Ibrahimovic est le plus doué et le plus fort du championnat. Mais pas le plus fort que le championnat ait connu. On a eu des Francescoli, des Stojkovic, des Drogba… Si tu me donnes le choix entre Drogba et Zlatan, pour bien de raisons, je prends Didier, même à son âge. On a eu des grands joueurs ici. Chez eux, il y a eu aussi des grands joueurs comme Ronaldinho.
Un petit pronostic pour ce soir ?
Je pense qu’on peut les battre. Ne pas perdre contre Paris serait une bonne performance mais je pense qu’on peut les battre. On l’a fait l’an dernier contre une équipe déjà solide du PSG. On va employer les moyens pour expliquer aux joueurs le fonctionnement de ce genre de matchs. On est certain de rien mais on va essayer.