André-Pierre Gignac donne sa version des faits sur son départ avorté de l'OM dans L'Equipe. Un aller-retour en Angleterre qui lui laisse un "goût amer". Ses relations avec Deschamps n'en sortent pas grandies. Pourtant, il veut toujours s'imposer. "Je vais remettre les pendules à l'heure", promet-il. "Je ne suis pas en colère mais j'ai un petit goût amer". Dans L'Equipe, André-Pierre Gignac sort de son silence et revient sur son départ avorté de l'OM, il y a deux jours. Il raconte notamment le scenario rocambolesque de la journée de mercredi. A la demande du club, il l'a passée en Angleterre pour négocier son transfert à Fulham avant de revenir finalement à Marseille suite à la volte-face d'Amauri. "Mardi, on me dit que l'OM souhaitait enrôler un attaquant et qu'il serait bien qu'on écoute des propositions, explique l'attaquant. On m'a parlé de l'Olympiakos, de Fulham. Bon, j'ai accepté d'écouter ce qu'on avait à nous dire à Londres. On est arrivé là-bas et on a tout de suite senti que c'était du concret et du sérieux. On a commencé à être séduit. On a passé la soirée avec le coach (Martin Jol), son épouse. Un accueil formidable".
Et c'est là que les choses se corsent. "Le mercredi, tout était OK. Fulham s'était mis d'accord avec l'OM. Et à 23h30, on m'a appelé pour me dire que je devais rentrer à Marseille car l'attaquant ne venait pas !, poursuit APG. Je suis allé là-bas pour, entre guillemets, aider l'OM à faire venir un attaquant. Je me suis même assis sur des bonus perso lors des négociations. Et quand tout se met à rouler, ça ne se fait pas..." Pire, le club tente un dernier mouvement dans les ultimes minutes du mercato. "Trois minutes après m'avoir demandé de rentrer à Marseille, on me rappelle pour me dire que j'ai la possibilité d'aller à Sunderland", dévoile-t-il. Cette fois, il refuse : "Je n'oublie pas que j'avais fait une erreur en signant à Lille avant d'aller à Toulouse. J'ai grandi. Je ne pouvais pas dire oui à Sunderland et non à Fulham car l'OM venait de décider un échange avec Gyan ! A Fulham, ils me désiraient. Je n'ai vu personne à Sunderland. Je ne suis pas un mercenaire".
"Quand ils ne se disputent pas, c'est qu'il neige"
Vendredi matin, André-Pierre Gignac sera donc de retour à l'entraînement avec l'OM. Il y retrouvera Didier Deschamps dans une ambiance sans doute pesante. Toutefois, l'ancien Toulousain assure s'être déjà expliqué avec son entraîneur. "Il sait ce que je pense, on a parlé entre adultes. Sans rancoeur, sans animosité", dit-il. De son côté, Vincent Labrune a lui aussi tenté d'éteindre l'incendie. "Tout cela, c'est la vie de l'entreprise. Gignac sait qu'il n'est pas encore sportivement au niveau des investissements que l'OM a misés sur lui", a avancé le président sur RMC avant d'adresser un message au joueur : "Si j'avais voulu que Gignac parte, il serait parti ! C'est même moi qui ai mis un terme au dossier Amauri. A un moment donné, ça ne devenait plus un choix sportif, mais un enjeu économique. J'ai alors dit stop. Je suis très content que Gignac reste. On compte sur lui. C'est même un garçon que j'apprécie beaucoup si vous voulez le savoir".
Pourtant, cet épisode ne va certainement pas réchauffer les relations entre l'ancien meilleur buteur de L1 et Didier Deschamps. Plusieurs témoignages relayés par La Provence confirment que les deux hommes entretiennent des relations pour le moins tièdes depuis déjà quelques temps. "Quand Didier et André-Pierre Gignac ne se disputent pas, c'est qu'il neige", explique ainsi un joueur dont le nom n'est pas cité. "Depuis longtemps, André a ressenti l'absence d'affection de la part du coach, poursuit un cadre du vestiaire. Le scénario tel qu'il s'est déroulé ces dernières 48 heures serait plutôt de nature à le survolter et lui donner un esprit revanchard. Croyez-moi, il ne doit avoir qu'une seule idée en tête: claquer but sur but pour prouver que tout le monde s'est trompé sur son compte."
"Je ne suis pas le boulet de l'OM"
C'est justement ce que compte faire Gignac : s'imposer à l'OM envers et contre tous. "Deux jours avant la fin du mercato, ce n'est pas vraiment clean ce qui s'est passé. Mais ça ne m'affecte pas plus que ça, assure-t-il. Je ne suis pas le boulet de l'OM comme j'ai pu le lire. Je ne deviendrai d'ailleurs pas un boulet et j'ai envie de démontrer que je peux être l'attaquant recherché. Tout ça ne change rien : j'ai toujours la même envie de réussir dans le club de mon coeur. Cet aparté de deux jours est oublié même si j'ai vu aussi quelques masques tomber". S'il "n'attend pas de cadeaux", l'attaquant se déclare "heureux d'être à Marseille". Et il fait une promesse : "On n'a pas vu Gignac à 100 %, même quand j'ai mis 5 buts en 5 matches (l'hiver dernier). C'est une question de temps, je vais remettre les pendules à l'heure".
Eurosport - Anthony PROCUREUR
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