Si l'OM a cru, jusqu'au début du printemps, pouvoir lutter pour le titre de champion de France, c'est en premier lieu grâce à lui. Et à sa méthode. Pour reconstruire une équipe et tirer la quintessence de chacun de ses hommes, il n'y a pas meilleur technicien au monde que Marcelo Bielsa. En quelques semaines, l'Argentin a réussi l'exploit de transformer une escouade en perdition en machine de guerre. Pour le plus grand bonheur des supporters olympiens. Sur ce plan-là, son génie est incontestable.
Le hic, c'est que son système a aussi ses limites... Celles-ci sont apparues progressivement jusqu'à hier soir, où la formation marseillaise a touché le fond. Si le mérite de la renaissance bleue et blanche lui revient en grande partie, les couacs sont aussi à mettre à son (dis)crédit. Au-delà des points gaspillés à tout-va en 2015, un problème de taille saute aux yeux des observateurs à chaque match : les placements approximatifs de son équipe. À force de s'adapter au schéma de son adversaire, l'OM a perdu son identité.
Dès qu'il est acculé, l'escadron phocéen ne sait plus où donner de la tête. La tactique prônée par Bielsa est devenue aussi difficile à décrypter que les traductions désormais légendaires de son sympathique interprète, Fabrice Olszewski. Sauf qu'à La Beaujoire, hier soir, l'OM a ri jaune...Défensivement tout d'abord. Lorsque son adversaire évolue avec une seule pointe, "l'Olympique de Marcelo" aligne une défense à quatre. À l'inverse, quand deux buteurs sillonnent la ligne d'attaque, El Loco passe à trois axiaux. C'est bien connu, surtout par les autres entraîneurs de Ligue 1, qui ont eu tout le temps d'étudier ces variations depuis l'été dernier...
Tranquillement mais sûrement, Michel Der Zakarian a donc demandé aux Canaris d'alterner. Gakpé et Audel ont varié les plaisirs et les positions. Un supplice pour Romao qui a dû sans cesse s'adapter. Nkoulou, lui, s'est régulièrement retrouvé à gauche du trident défensif, alors qu'il est formaté pour être le patron de l'arrière-garde. Rôle finalement tenu par Fanni, latéral de formation, et coupable sur le but nantais, avec une passe digne d'un bêtisier. Un peu plus haut, Imbula s'est retrouvé complètement esseulé entre les lignes, alors que Batshuayi est tout sauf un meneur de jeu. C'est pourtant à ce poste que lui a demandé de jouer l'ancien sélectionneur de l'Albiceleste en l'absence de Payet, dont le retour contre Lorient fera beaucoup de bien. Le Belge avait, certes, déjà été aligné en tant que milieu offensif, contre Lille avant la trêve. Mais il est bien plus décisif devant...
Au rayon des choix incompréhensibles, la seconde mi-temps a ressemblé à la première. Avec, en prime, André Ayew au four et au moulin un peu partout sur le terrain. Au centre, à gauche, à droite, le Ghanéen était partout. Signe d'un malaise indéniable. L'OM ne ressemblait alors plus à rien, si ce n'est à une équipe complètement déboussolée. Désorientée. Désarçonnée. Il fallait pourtant s'attendre à ce type de couac. Le marquage individuel prôné par Bielsa fait débat depuis de longs mois. Ce sera encore le cas ces prochaines heures. Ses innombrables partisans auront du mal à le reconnaître, mais le Rosarino a aussi des défauts. Ses erreurs coûtent autant de points que celles des arbitres. Elles risquent même d'être irrémédiables en vue de la qualification en Ligue des champions. Qui l'aurait cru à la trêve ? Le romantisme a ses limites...
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