Mercato : Derrière le PSG et Monaco, l'OM s'est donné les moyens
Par Correspondance spéciale à Marseille, Vincent BANTIT le 19/07/2013 à 09:56, mis à jour le 19/07/2013 à 09:56
Avec deux recrues avoisinant les 10M€, l'OM existe aux côtés du PSG et Monaco sur le marché des transferts. La manne de la C1 n'explique pas tout. Décryptage.
Evidemment, par rapport à l'ASM et au PSG, ça n'a rien à voir. Près de 140 millions d'euros dépensés en un été pour Monaco et des salaires colossaux offerts aux nouvelles recrues... Environ 80 millions à cette date pour le PSG avant l'arrivée de Marquinhos. Face à cette guerre entre deux des plus grosses fortunes du football européen, Marseille fait figure de parent pauvre de la L1. Mais il est bien, et de loin, le troisième acteur le plus agressif du marché. L'OM a subtilisé Dimitri Payet pour 10 millions à Lille. Un gros coup à l'échelle du marché français, inconcevable il y a un an quand Vincent Labrune assumait totalement une politique d'austérité basée sur des joueurs libres ou peu chers. Une deuxième place plus tard, les temps ont changé. L'OM estime s'être redonné les moyens de quelques ambitions.
Exsangue financièrement il y a deux ans, l'OM a su mener une cure d'austérité qui a porté ses fruits. Encore déficitaire en juin 2012 (24M€) le club olympien a dû se résoudre à faire appel à Margarita Louis-Dreyfus en octobre dernier.
La veuve de RLD a injecté 15 millions dans la trésorerie et abandonné 30 millions de créance. Un gros effort de l'actionnaire majoritaire qui a permis à Marseille d'éviter la faillite selon Vincent Labrune 
. "Mais on ne peut plus procéder comme ça, explique le président délégué de l'OM. C'est pourquoi on a engagé une politique de rattrapages des pertes depuis 2011. On a finalement réussi notre opération en huit mois alors qu'on prévoyait deux ans pour y arriver". La nouvelle politique salariale a participé à cette épuration des comptes. Plusieurs joueurs aux contrats bien négociés ont quitté Marseille l'été dernier (Diarra, Mbia, Azpilicueta) ou cet hiver (Rémy). Résultat : une chute de près de 40% de la masse salariale qui est passée de 100M€ à 62M€ en trois ans !
L'OM n'a pas besoin de vendre
Si, dans les coulisses, les comptables marseillais ont bien travaillé, le sportif a aussi permis de remettre le club à flot. La deuxième place acquise la saison dernière apparait comme un bonus qui permet à l'OM de revenir jouer les gros bras dans un mercato peu animé. "Lyon, Lille, Rennes, Toulouse, Saint-Etienne, Bordeaux : beaucoup de clubs de Ligue 1 sont à l'agonie, confie un responsable marseillais bien au fait des finances de ses concurrents. Ils ont tous besoin de vendre. Pas nous". C'est la grande nouveauté : l'OM peut acheter sans se soucier de faire le ménage auparavant. Un luxe que seuls les richissimes clubs parisien et monégasque peuvent aussi s'offrir sur le marché français. Sur ce plan-là, l'OM joue dans la cour des grands. Marseille a ainsi pu tenir tête à Monaco sur les dossiers Steve Mandanda et Nicolas Nkoulou. Un bras de fer remporté au titre de trésors de persuasion dénichés par les dirigeants olympiens. Ils ont convaincu deux joueurs cadres de poursuivre leur ascension au sein du club.
Garder ses meilleurs joueurs et en recruter d'autres. Car le vice-champion de France peut compter sur les 25 millions que vont lui rapporter la Ligue des champions. L'enveloppe des transferts ne devrait pas aller au-delà de cette somme. Elle a déjà permis à Dimitri Payet de poser ses valises dans le Sud. Et pas que pour les vacances... Elle a permis de séduire Gianelli Imbula (20 ans), promis à l'exil dans les grands clubs européens. Les prochains éléments pistés sont tous de jeunes joueurs français prometteurs : Florian Thauvin (19 ans), Romain Alessandrini (24 ans)... Investir en Ligue 1 s'avère aussi essentiel dans la stratégie de l'OM. Acheter made in France permet de s'afficher comme un symbole inverse des palaces parisien et monégasque beaucoup plus tournés vers l'étranger. Les présidents de L1 ne vont pas se plaindre de l'argent réinjecté dans le circuit par le club marseillais.
Si un gros coup se présente...
A ce stade du marché, l'OM en est au moment où concrétiser d'autres arrivées prend du temps. Les clubs français ont compris qu'ils pouvaient taper dans la cagnotte C1 des Marseillais. Les prix sont donc revus systématiquement à la hausse. Mais les dirigeants olympiens voient plus loin. S'ils ne parviennent pas à leurs fins cet été, ils remettront le couvert lors des prochaines fenêtres du mercato. "Notre plan est à horizon de trois, quatre ans, explique Vincent Labrune. On vise le moyen terme pour arriver à mettre en place une équipe très compétitive". Et si l'occasion de faire un gros coup se présente, elle sera étudiée. "Tout dépend où on veut placer le curseur, mais on sait que Margarita Louis-Dreyfus peut aussi nous donner un coup de main, glisse un responsable du recrutement. Maintenant, notre volonté, c'est de rester indépendant de l'actionnaire". L'OM ne possède pas de compte en Suisse mais peut quand même s'appuyer sur une milliardaire russe en cas de coup dur.