Une bien belle famille ca...
’est une affaire d’inceste, mais une affaire d’inceste « consenti », qui pose problème à partir de ce mercredi devant la cour d’assises d’appel d’Amiens, dans la Somme. Un homme est accusé de viol aggravé sur deux de ses filles, la mère de complicité. Mais la particularité de ce dossier c'est que les deux filles assurent qu'elles consentaient à ces rapports sexuels. L'une d'elles vit même en concubinage avec son père, dont elle a eu un enfant. Les faits se sont déroulés entre 1991 et 2000, dans l'Oise, dans une famille ordinaire et socialement insérée. Le procès, qui doit durer trois jours, devrait se tenir à huis clos. « Est-ce que la justice doit s’aventurer sur le terrain de la morale ? » Me Hubert Delarue, l'avocat du père, veut ramener le débat sur le terrain de la justice. Si les relations sont consenties, l’adultère n’est pas condamnable par la loi. « C’est le paradoxe de ce dossier, reconnaît-il. Il est évident qu’au regard des règles, des principes, ça apparaît comme choquant. Ces jeunes femmes viennent expliquer qu’elles étaient au fond le mode d’existence tout à fait atypique d’initiation aux choses de la vie sexuelle, qu’on peut évidemment réprouver. Pour autant, ces deux filles disent "nous n’avons pas été victimes de notre père, nous avons consenti, librement, au fond c’est quelque chose qui nous regarde, la justice rend le droit, est-ce qu’elle doit s’aventurer d’avantage sur le terrain de la morale ?" » « La question est la dérive de l’autorité » La vraie question est donc de savoir quand ces relations ont commencé, et si les filles étaient mineures à l’époque. « Il faut opérer une distinction selon que les jeunes femmes avaient ou non moins de 15 ans, explique Jean-Philippe Rivaux, magistrat de communication à la cour d'appel d'Amiens. A 12 ans, on ne peut pas consentir à une relation sexuelle avec son papa, mais un majeur peut consentir à une relation sexuelle avec un mineur dès lors qu’il a au moins 15 ans si celui-ci est librement consentant ». Et si les deux filles affirment aujourd’hui qu’elles étaient d’accord pour entretenir ces relations, le magistrat veut savoir si elles ont subi des pressions. En effet, l’une d’elle avait tout d’abord dénoncé des viols, et même « un planing » établi par sa mère pour savoir qui coucherait avec le père. « La question est de savoir, dans un contexte familial où la maman joue un rôle, si le consentement de ces jeunes femmes n’a pas été forcé, complète le magistrat. Pas nécessairement par la violence, mais le papa a un peu coupé sa famille du reste du monde… La question est la dérive de l’autorité ».
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