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Ça lui trottait dans la tête depuis un certain temps, mais "c'est au retour de Montpellier", le 7 mai dernier, au soir d'un revers éliminatoire dans la course à la qualification aux phases finales du Top 14, qu'il a "commencé à y réfléchir tout particulièrement." Une récente opportunité, "une de celles qui ne se refusent pas" (dixit l'intéressé), a fini d'accélérer le processus : après 22 ans à la tête de Soleil Productions, la maison d'édition spécialisée dans la bande-dessinée qu'il avait lui-même fondée, Mourad Boudjellal a décidé de vendre sa société pour se consacrer quasiment à plein temps au RCT, club dont il est le président depuis 2006.
L'opportunité en question a un nom : Guy Delcourt, Pdg des éditions éponymes et nouvel actionnaire majoritaire au sein de Soleil Productions (60% des parts contre 40% pour Mourad Boudjellal). Même s'il "continuera de (s')occuper de 5 ou 6auteurs pas plus", le désormais ex-grand manitou de la BD "adulescente" (lire par ailleurs) tient, à partir de maintenant, les manettes du RCT plus fermement encore qu'auparavant.
Son choix, "cette décision de changer de vie", repose sur plusieurs constats. "J'ai tout connu dans le monde de l'édition et j'avais envie de vivre autre chose", indique-t-il d'abord. Cet "autre chose" passera essentiellement par le rugby, donc. Boudjellal ne l'a jamais caché ces dernières semaines : il a "très mal vécu la mauvaise saison de son club (une 8e place en Top 14 synonyme de non-qualification à la H Cup)."
Pour lui, les raisons de cet échec sont claires : trop pris par ses activités professionnelles, il ne s'est pas assez investi personnellement au RCT. "Mon projet a toujours été d'ériger le Rugby Club Toulonnais au rang de grand club et j'ai compris que pour y parvenir, je devais m'y consacrer pleinement, développe-t-il. Jusqu'à présent, je n'en avais pas la possibilité et c'était extrêmement frustrant. Je ne le vivais pas bien du tout. En fait, j'étais comme un artiste-peintre dont la main et le pinceau ne suivent pas l'inspiration véhiculée par le cerveau."
Boudjellal se donne dorénavant les moyens de réaliser la toile conforme à ses idées. "Après avoir personnellement investi entre 6 et 7 M€ dans le club au départ, j'ai porté le budget du RCT de 6 à 21 M€ en cinq ans sans avoir mis un seul centime de ma poche lors du précédent exercice, souligne le président. Au terme de la saison, j'ai présenté un résultat positif à hauteur de 300 000 €. Ça, pas tous les clubs du Top 14 peuvent en dire autant.
"Oui, je suis frustré, car en étant 20% au club, le budget partenariat culmine à 8,8 M€, alors que celui du Stade Français, par exemple, s'élève à peine à 6M€, ce qui ne correspond pas au potentiel du bassin économique de la région parisienne. Moi, à Toulon, mon ambition est d'atteindre un chiffre de 13M€ dans ce domaine. Mais je ne peux m'y employer que si je suis tout à fait au club." Boudjellal l'est maintenant et il entend mettre ses idées en application pour "faire du RCT le plus grand club d'Europe."
Et de lancer les grandes lignes de son programme: "Je vais élaborer un système qui permettra de séduire le plus grand nombre de partenaires financiers. Le recrutement de joueurs d'envergure internationale assure, par exemple, une image de dimension mondiale au RCT. Il faut continuer d'aller dans ce sens entre autres, le tout pour offrir les moyens au club de progresser dans la hiérarchie. J'ai envie de fonder un modèle économique référent dans le monde du rugby. Pour ce faire, il est impératif de créer une synergie à l'intérieur du club."
Un club où il sera forcément davantage présent qu'avant. "Attention, je ne serai pas un ultra-président qui se mêle du sportif (domaine de Philippe Saint-André et de son staff) à tout bout-de-champ, précise-t-il. Mais en rencontrant les joueurs récemment, je me suis aperçu qu'ils ne me connaissaient pas vraiment. De plus, il y a deux ou trois choses qui m'ont déplu la saison passée.
"Si j'avais été plus présent, j'aurais notamment appris qu'en mai, des joueurs avaient fait en sorte d'évincer discrètement Aubin Hueber de la gestion des avants. Ça, je ne veux plus l'apprendre sur le tard. Pas question, pour autant, d'être le gendarme du RCT; en revanche, je veux être le garant d'un certain état d'esprit et d'une certaine envie. Je veux transmettre mon énergie, en somme."
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