Le gardien Simon Ngapandouetnbu (16 ans) a signé son premier contrat pro avec l’OM, hier. L’aboutissement d’un parcours déjà accidenté pour celui qui a failli être exclu du club.
Il n’a pas pu s’en empêcher. Simon Ngapandouetnbu a glissé fièrement la nouvelle à ses collègues, ces derniers jours, dans une forme de confidence. Le très jeune gardien (16 ans) a signé son premier contrat pro à l’OM, jusqu’en 2022, et le club l’a officialisé hier. À la Commanderie, où tout le monde l’appelle Simon, il a eu droit à la mise en scène habituelle pour ce genre d’événement, avec photos en compagnie du président Jacques-Henri Eyraud et d’Andoni Zubizarreta. Dans son cas, la présence du directeur sportif à ses côtés a pris une signification encore plus symbolique. Dès son intronisation, le dirigeant, ancien gardien de but lui aussi, a décelé son potentiel, observé ses réflexes de chat, ses relances puissantes à la main. « Zubi » a attentivement suivi sa progression, l’a couvé jusqu’à souffler son nom à l’oreille d’André Villas-Boas, arrivé cet été sans grande connaissance des jeunes du centre de formation. Mais avant d’assurer sa publicité, l’Espagnol lui a certainement évité d’être… renvoyé définitivement du club, il y a moins de deuxans.
Après des premiers pas à l’ASPTT Marseille et à la Blancarde, où il s’est signalé un jour en marquant depuis sa zone, le longiligne gardien intègre l’OM en 2014, le même été que son ami Isaac Lihadji. Il s’acclimate à son nouveau club sans difficulté, plutôt apprécié de ses coéquipiers, avant d’intégrer le centre d’hébergement en moins de 14 ans. Et puis vient le temps de l’adolescence, des premières petites et grandes bêtises auxquelles sont confrontés les formateurs de tous les clubs pros. Ngapandouetnbu n’est pas le dernier à se faire remarquer, sans pour autant être classé parmi les éléments les plus turbulents. Seulement, pendant la saison 2017-2018, une affaire plus sérieuse que les autres éclate à La Commanderie, où les minots vivent en pension. Des « emprunts » de cartes bancaires se répètent dans les vestiaires et plusieurs jeunes s’en aperçoivent en découvrant leurs relevés de compte. Il est question de recel de leurs numéros de CB et de leurs codes de sécurité, qui servent ainsi à des achats de vêtements de marque, de téléphones portables ou d’options et autres goodies pour des jeux vidéo comme Fortnite. Une saison d’exil
Après enquête, et grâce aux adresses de livraison indiquées lors des commandes de ce shopping en ligne, le coupable de ces vols est finalement repéré : Ngapandouetnbu. Les éducateurs sont sommés de réagir sous la pression des parents et des agents des joueurs lésés. À l’inverse de Nice avec Lamine Diaby-Fadiga et précédemment de Toulouse avec Mathieu Cafaro (même si dans son cas, il ne s’agissait pas de vol), l’OM choisit une méthode plus douce : une exclusion d’un an du pensionnat du centre. Le directeur Jean-Luc Cassini voulait virer le jeune homme, sans préavis. Zubi s’y est opposé, avec un argument de poids : pour lui, à moyen terme, la valeur du gardien pourrait atteindre plusieurs millions d’euros!
Puni, Ngapandouetnbu s’exile alors en ville chez son frère, ou chez son ami Ismaël, un ancien de la Blancarde également passé par l’OM. Ce qui ne l’empêche pas de participer aux entraînements et aux matches. Son père, qui travaille en Suisse, va commencer à se rapprocher de lui au fil de sa progression. « Simon, il a galéré, confie un proche. Il avait peu de soutien, pas de contrat, rien, pas d’équipementier. Les copains du centre qui étaient déjà parrainés par Adidas s’arrangeaient pour lui filer des crampons et autres tenues. C’est un filou, et il s’est fait remarquer avec cette histoire, mais c’est un généreux aussi. Il invite ses collègues quand il a un peu de sous, il avait même partagé avec des copains du foot le fruit de ses vols.»
Cette affaire n’a pas ralenti sa carrière. Il a souvent été surclassé, la saison passée. Au bout de quelques jours d’entraînement, Villas-Boas l’a même convoqué pour le stage aux États-Unis, en juillet. Officiellement quatrième gardien derrière Steve Mandanda, Yohann Pelé et Ahmadou Dia, il est régulièrement convoqué comme troisième portier dans les groupes de joueurs retenus chaque week-end en L1. Sans agent aujourd’hui, il est suivi par Moussa Sissoko, qui s’occupe notamment d’Ousmane Dembélé et d’Isaac Lihadji, et pourrait le représenter à l’avenir. Avec un bon salaire et une prime à la signature décente, désormais, il aura le loisir de boxer loin les erreurs du passé.
_________________ Welcome de Zerbi!!!
|