Brandao, les oreilles qui sifflent
Pris en grippe par une partie du public marseillais, Brandao vit des heures difficiles. Le Brésilien a besoin de soutien, pas des sifflets...
Depuis quand Brandao n'a plus marqué avec l'OM ? Difficile de répondre à cette question sans une rapide recherche en arrière au préalable... Le dernier but du Brésilien remonte à OM-Lens (1-0), la saison dernière. C'était début avril. Cela fait donc 12 matchs d'affilée que Brandao est muet devant les cages. Certes, il a fait trembler les filets cet été, mais c'était en amical contre Catane, et c'était sur penalty... Jamais l'ancien joueur du Shakhtar n'avait connu une telle disette depuis qu'il porte les couleurs olympiennes. Il y a bien eu ces débuts délicats (5 matchs avant de marquer son premier but, à Caen) ou ce trou d'air la saison dernière entre novembre et janvier (9 matchs sans but), mais cette fois-ci, la donne semble plus inquiétante. Les sifflets de la discorde
Alors, comme cela a toujours été le cas au Vélodrome avec les buteurs qui ne marquent pas (Bakayoko, Gimenez, Luyindula et même Niang à ses débuts), les sifflets n'épargnent pas Brandao et sa maladresse. Car il ne faudrait pas croire non plus que cela est nouveau et spécialement réservé au Brésilien. Mais ce qui dérange, c'est de voir le numéro 9 de l'OM se faire siffler dès son entrée en jeu, comme cela a été le cas samedi... au Parc des Sports d'Avignon. "J'espère que ce n'était pas les supporters marseillais, parce que ce n'est pas une bonne attitude, cela ne servira pas notre cause, ni la sienne, ni celle de l'équipe" a lancé Didier Deschamps après le match. L'entraîneur marseillais sait pourtant très bien que l'enceinte avignonnaise était à 90% remplie de supporters de l'OM.
Mais dans le lot, il y a quand même une bonne partie qui a évité de siffler Brandao. On s'en rend compte quand on interroge les responsables de clubs de supporters, qui condamnent ces sifflets. "Je ne trouve pas que cela soit justifié, car c'est un avant centre qui ne marque pas beaucoup, mais qui fait un gros travail" juge Christian Cataldo, président des Dodger's. Même son de cloche chez Gilbert Deukmedjian, du Club Central des Supporters : "Les sifflets ne sont pas vraiment justifiés, on peut lui reprocher son inefficacité, mais pas sa combativité." Consultant pour Le Phocéen, l'ancien illustre joueur olympien Éric Di Meco est lui allé plus fort : "Je le dis haut et fort : ceux qui ont sifflé Brandao samedi sont des ânes. On ne peut pas quand on est supporter pleurer parce que les mecs ne pensent qu'à leur gueule, à l'image des critiques sur Niang, ou sur Gourcuff pour les Bordelais, ou encore Heinze pour les Parisiens, et en même temps, critiquer un garçon comme Brandao qui s'est toujours défoncé sous le maillot blanc."
Brandao a besoin de soutien
L'attitude du public marseillais s'explique en fait par un ras-le-bol des gaucheries de Brandao, trop souvent peu inspiré dans son jeu, mais aussi par l'envie de voir André-Pierre Gignac à l'oeuvre à sa place. C'est un peu comme si le public avait fait son choix. Mais dans ce cas, il ne faudrait pas non plus enterrer le Brésilien, car l'OM aura encore besoin de lui, tout comme il faut reconnaître sa combativité et ce qu'il a apporté au club depuis son arrivée. Le siffler à tort et à travers ne fera que nuire au joueur, et par là même à l'équipe. Son ami Vitorino Hilton a ainsi confessé que Brandao avait été marqué par l'attitude du public : "Il était un peu frustré après le match à Arles, car il ne s'attendait pas à être sifflé d'entrée. Je lui ai dit qu'il faut relever la tête, travailler et oublier les supporters. Dès qu'il va marquer un but ils vont de nouveau le soutenir".
En attendant, Brandao est clairement en manque de confiance. Cela se voit même à l'entraînement. Ce mardi au centre RLD, le Brésilien a été l'un des seuls olympiens à paraître emprunté lors de la petite opposition organisée par Deschamps. Le grand gaillard a besoin de soutien. Son coéquipier Édouard Cissé en est conscient : "Un attaquant qui ne marque pas, ça énerve un peu les gens, mais en tout cas nous on est confiant, on sait qu'il va marquer, il a nous sauvé plusieurs fois l'année dernière". Certains auraient d'ailleurs tendance à l'oublier, comme l'a fait remarquer Hilton : "Les supporters oublient vite. La saison dernière quand il a marqué deux buts à Toulouse, ils avaient créé une chanson pour lui... Maintenant ils le sifflent. Aussi, contre Arles tout le monde a dit qu'il a raté son contrôle, mais si on voit l'image au ralenti, on voit très bien qu'il y a un petit rebond juste avant. C'est facile de siffler Brandao. Pourtant, il court de partout, il nous aide beaucoup sur le terrain, mais ça, personne ne le voit".
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