Rémy, un examen, des questions
Victime d’une anomalie cardiaque, l’attaquant recruté par l’Olympique de Marseille passe de nouveaux tests aujourd’hui.
VERDICT dès aujourd’hui ? Loïc Rémy est en tout cas attendu à l’hôpital de la Timone, à Marseille, pour passer des tests plus poussés, quatre jours après que la visite médicale effectuée dans le cadre de son transfert à l’OM a révélé une anomalie cardiaque. Des résultats soumis à cinq experts (les docteurs Collart à Marseille, Chevalier à Bordeaux, Carré à Rennes, Mousso à Paris et Aliot à Nancy) et qui en diront donc plus sur la suite de la carrière de l’ancien Niçois de vingt-trois ans… et le visage du champion de France. Alors qu’André-Pierre Gignac, l’autre renfort du secteur offensif, doit signer aujourd’hui, l’OM est suspendu au diagnostic des spécialistes.
Y A-T-IL EU
NÉGLIGENCE DES CLUBS PRÉCÉDENTS ?
La question se pose après les déclarations de Jean-Claude Dassier hier à Téléfoot : « L’analyse aurait dû être faite par d’autres avant, on en reparlera », a lâché le président de l’OM, qui confirmait hier soir des « négligences » dans le suivi médical. « Heureusement qu’on a fait un travail sérieux », soupirait-il. Formé à Lyon, Rémy a passé une demi-saison à Lens avant de bifurquer vers Nice, il y a deux ans. Vendredi, l’attaquant avait reconnu que « quelque chose avait été décelé il y a quelques années » mais « pour (lui), il n’y avait rien d’alarmant ». À Lyon, on garde le silence en attendant les résultats. À Nice, le président Gilbert Stellardo réfute l’hypothèse d’une négligence et annonce que le cardiologue habituellement sollicité par le club, le docteur Charles Guenniche, communiquera aujourd’hui ou demain.
Mais le suivi cardiaque imposé par la Ligue depuis 2004 a-t-il joué son rôle ? A priori, oui, car chaque joueur est en fait tenu de passer tous les ans un électrocardiogramme et une échographie cardiaque. Et ce sont les résultats de ces examens qui ont poussé le médecin de l’OM à demander un test supplémentaire, en l’occurrence l’imagerie à résonance magnétique (IRM) qui a décelé l’anomalie. De toute façon, « on peut être face à des situations évolutives », rappelle Hervé Caumont, président de l’association des médecins des clubs professionnels. C’est-à-dire que l’anomalie a pu s’aggraver depuis le dernier examen passé à Nice.
L’OM S’EST-IL PRÉCIPITÉ ?
Sans doute. La semaine dernière, c’est un champion en pleine crise qui a conclu l’affaire avec Rémy. Dans l’urgence, il a voulu aligner sa recrue dès samedi contre Lorient (2-0) et comme il faut quarante-huit heures pour qu’un contrat soit homologué, le club a transmis les documents à la Ligue dès jeudi. Avant que l’anomalie soit détectée dans la soirée et alors que le médecin du club avait alerté ses dirigeants…
Pour enregistrer un contrat, la Ligue n’a, elle, pas besoin que les examens médicaux y soient annexés : il suffit des trois signatures, celles du joueur et des deux clubs concernés par la transaction. « Ce qui suppose nécessairement que le joueur est apte », précise un spécialiste. Signe que l’OM est probablement allé un peu vite, il a adopté un agenda plus prudent pour Gignac. L’ancien Toulousain, qui devait être présenté samedi, ne doit signer qu’aujourd’hui, après avoir subi des examens ce week-end.
QUE RISQUE L’OM ?
Si Rémy était déclaré inapte, l’OM se retrouverait dans une situation délicate après l’avoir engagé pour cinq ans, à raison d’un salaire mensuel estimé à 200 000 € brut et au prix d’un transfert de 13 M€ (plus 2,5 M€ de bonus), et sachant que le club n’a pas contracté d’assurance spécifique.
Pour rendre le document caduque, Marseille n’aurait qu’une solution, selon un expert de la question : établir la preuve que le joueur et/ou le club cédant (Nice) ait volontairement dissimulé un élément sur la santé du joueur. Si cela s’avérait nécessaire, la commission juridique de la Ligue, qui se réunit mercredi, est prête à inscrire ce dossier à son ordre du jour. « Nous n’en sommes pas à des querelles d’assurance ou de contrat, coupe Dassier. Je ne veux pas polémiquer. » Mais le dossier serait déjà entre les mains de l’avocat de l’OM. L’enjeu financier – et sportif – est de taille car, si le champion de France devait honorer son contrat, il n’aurait sans doute plus les moyens d’attirer un autre attaquant.
JEAN-BAPTISTE RENET
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