http://contreattaque.fr/baup-jeu-om-con ... ent-elles/Baup et le jeu de l’OM, les convictions suffisent-elles ?
2 mars 2013 by Johann Alessandroni dans Johann | Envoyer
Après le temps des discours et des idées vient le temps de l’application et la mise en oeuvre. Elie Baup en fait l’amère expérience actuellement. Des deux défaites face au Paris Saint-Germain, l’entraîneur marseillais retient le premier acte, ou plutôt, la deuxième mi-temps. La conviction que son équipe soit capable de reproduire cette prestation est actuellement le seul espoir pour l’Olympique de Marseille de tenir cette troisième place. Mais est-ce que les joueurs en ont les capacités ?
Vendredi, en conférence de presse, Elie Baup ne le savait sans doute pas, mais il a employé une formule très appréciée par son prédécesseur, Didier Deschamps (poke José Anigo) : « Je n’ai pas des certitudes, mais des convictions. » Les deux grosses échéances qui pouvaient lancer Marseille dans son premier tour de piste ont finalement confirmé que Paris n’était plus sur la même planète que son rival. La victoire face à Valenciennes, dans les dernières secondes, a permis de mettre en lumière la force de caractère des joueurs olympiens. Habitué à réagir après avoir pris une claque, cette capacité à rebondir a ses limites. Contre Evian Thonon-Gaillard, les deux cartons rouges ont permis de mettre de côté, une nouvelle fois, la prestation insuffisante de l’OM. Contre Paris, on ne se cache plus.
Du mouvement à la stagnation, puis la régression
Dès son arrivée, Elie Baup a mis en avant le jeu, il avouait avoir changé. Un discours réfléchi qui lui permettait de mettre de son côté les supporters déçus par le jeu développé sous l’ère Deschamps. Le formidable début de saison olympien a validé les premiers choix d’Elie Baup. Aujourd’hui, l’animation offensive du début de saison fait défaut. Cette liberté qui faisait la force du quatuor offensif n’est plus. Les mouvements étaient permanents et coordonnées, pas de quoi soulever les foules, mais ce vent de renouveau suffisait à mettre à mal les défenses de Ligue 1 et a ravivé un peu la flamme auprès des supporters. Ce projet de jeu, l’OM semble l’avoir oublié depuis quelques semaines, si ce n’est quelques mois. Remarquable premier avec 6 victoires en 6 journées. L’OM stagne avec 28 points pris en 20 journées (1,4 points/m). Pire encore, depuis le début de l’année 2013, Marseille en est à 8 points en 7 journées (1,14 points/m), ce qui en fait le 12ème au classement depuis la reprise.
Des réponses négatives pour Baup
Lorsque les résultats ne suivent pas, les entraîneurs ont des tendances différentes en fonction des tempéraments. Certains gardent confiance en leur ossature et vont protéger les joueurs, d’autres n’hésiteront pas à faire des changements radicaux, que ce soit au niveau des hommes, du système ou de la ligne directrice. Baup n’est pas un adepte du turnover. Dans un premier temps car l’effectif ne plaidait pas pour, dans un second temps car ça n’a jamais été sa méthode. La première tentative de changement, l’entraîneur marseillais l’a faite en deux temps. Deux ébauches de 4-3-3, contre Fenerbahçe et Lille, avec plus ou moins de succès. Finalement, face à Nancy, Baup décide de faire confiance à ses joueurs et de placer A.Ayew et Amalfitano où ils souhaitent évoluer. Le résultat est catastrophique, les joueurs réalisent l’un des pires matchs de la saison.
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La deuxième défaite au Parc des Princes mercredi dernier est anecdotique sur le strict aspect de l’objectif final. Pourtant, Baup décide de reconduire le même onze qui a failli quelques jours plus tôt, mais qui a montré probablement la meilleure prestation collective depuis des mois. Un signe de confiance en ses joueurs, en qui il croit pour valider les bonnes intentions et se montrer plus réaliste, le seul véritable problème lors du match en championnat. Ce non-match de l’OM, face à une équipe remaniée du PSG, vient à nouveau donner une réponse négative à Baup. Si les joueurs ne semblent pas avoir lâchés, pour le moment, le coach olympien doit faire face à une nouvelle désillusion et trouver un nouveau levier à activer pour les 12 journées à venir. Le retour des entretiens individuels peut en être un pour trouver un nouvel élan. Se relever, l’OM n’a pas le choix et s’en relèvera, le plus difficile étant de trouver de la régularité à tous les niveaux.
Une dernière ligne droite indécise
Face à Troyes, Baup fera à nouveau appel à l’orgueil de ses joueurs. Des leaders, l’OM n’en a pas qui parvient à s’imposer. Certains en ont le profil, mais la mentalité générale du groupe ne permet pas à ce que cette alchimie en terme de motivation soit durable. A force de réagir plutôt qu’agir, les joueurs retombent dans des travers déjà ciblés auparavant. Avoir conscience que l’envie et la détermination sont indispensables pour l’obtention d’un résultat est un premier pas, que certains n’ont pas encore franchi. Derrière, les poursuivants reviennent à pleine vitesse, à l’image de l’OGC Nice, de l’AS Saint-Etienne, de Montpellier HSC ou de Lille OSC. Sont-ils vraiment supérieurs à la valeur réelle de cet OM ? Rien n’est sûr. Une bonne série peut permettre à Marseille de reprendre un peu le large.
Des joueurs de talent, le club phocéen en possède, mais c’est la performance collective qui fait actuellement défaut, en plus d’erreurs individuelles à répétition. Le calendrier ne sera pas facile, déjà car des déplacements périlleux arrivent (Lyon, Lille, Lorient et Saint-Etienne), mais surtout car des réceptions à priori abordables (Troyes, Ajaccio, Brest, Bastia, Reims) sont depuis le début de saison un calvaire. Rappelons néanmoins que l’OM est habitué à réaliser une dernière ligne droite à toute vitesse avec Manouvrier à la tête de la préparation physique.
Pour tenir sa troisième place, l'OM devra retrouver son grain de folie et son efficacité sur la durée et non sur quelques minutes ou une mi-temps tout au plus. (OM.net)
Retrouver ce grain de folie
Les critiques sur le jeu olympien font de plus en plus de bruit, elles trouvent surtout un écho par rapport aux déclarations régulières de Baup sur sa volonté de produire un football attrayant. Pourtant, la majorité des supporters se contenteraient largement de ce qui a été aperçu en début de saison. Sans être particulièrement fringant, cet OM montrait une certaine ambition, savait imposer son rythme et n’hésitait pas à lâcher les chevaux en phase offensive. Si Marseille a la quatrième équipe en terme de passes réussies (81,3% en moyenne par match), c’est dans le dernier geste et l’avant dernier geste que le problème se situe.
L’OM est ainsi une des meilleures équipes à la construction, dans la préparation des actions, mais est totalement inoffensif et stéréotypé quand les 30 derniers mètres font leur apparition. Entre le manque de profondeur, point abordé par Baup au sujet de Gignac notamment : « Il doit donc un peu changer son jeu et être plus axial pour offrir de la profondeur et de la verticalité dans le jeu, » et la tendance à chercher le centre en permanence, le tout avec le seul A.Ayew comme véritable joueur de tête, le club olympien pose rarement des problèmes à ses adversaires et s’expose ensuite à encaisser un but en contre. Le match face à Troyes sera un premier indicateur sur ce que l’OM peut espérer de cette fin de saison. Des certitudes, Baup sait pertinemment qu’il est impossible d’en avoir avec cet OM là, des convictions peuvent suffire pour atteindre l’objectif fixé en début de saison (5ème place), peut-être pas pour contenter l’objectif des supporters (le trio de tête) qui permettrait d’éclaircir un peu l’avenir et les ambitions de Marseille, mais autant s’en donner les moyens.