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La métamorphose
Posted on 18 septembre 2012
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Quel plaisir de regarder l’OM jouer à Nancy, notamment en première période. Du rythme, du mouvement, des actions construites, il n’a manqué que des buts pour que le spectacle soit complet. Le succès de cette équipe marseillaise ne souffre d’aucune discussion. Pas une fois contrairement à la saison dernière, on n’a eu envie de s’endormir sur le canapé ou de vaquer à d’autres occupations. Comme Philippe Doucet ou Franck Sauzée, sur Canal Plus, on a eu envie de s’enthousiasmer au savoir faire d’un Valbuena, ou l’audace d’un Jordan Ayew. Les promesses aussi d’un jeune Abdullah, mis en confiance par une maîtrise collective retrouvée. Que dire enfin d’un Gignac totalement métamorphosé !
La métamorphose, c’est bien d‘ailleurs le mot qui convient à cette équipe aujourd’hui, et comme j’ai vu que vous aimiez vous référer au dictionnaire, je vous livre la définition du Larousse. La métamorphose signifie le changement d’un être en un autre au point qu’il n’est plus reconnaissable. N’est-ce pas le cas de l’OM en ce début de saison ? Les joueurs figés de l’exercice précédent ont redécouvert les vertus de la solidarité et de la disponibilité dans le jeu.
Et dans ce constat, il n’est pas très difficile de repérer la patte de l’entraîneur Elie Baup. Ces débuts réussis lui doivent beaucoup. L’avenir dira ensuite s’il est l’homme idoine pour enrichir le palmarès de l’OM, comme le fut Didier Deschamps il y a trois ans, mais il l’est assurément pour avoir restauré un climat de confiance au sein de ce groupe. L’ambiance qui y régnait l’année dernière, a été minée de l’intérieur par les querelles entre les responsables du sportif. Deschamps a cédé progressivement à la paranoïa et s’est peu à peu isolé des autres composantes du club. On a pu mesurer en fin de saison, les dégâts d’une situation dégradée et clivée en interne.
Retour aux valeurs du foot populaire
L’homme à la casquette, arrivé sur la pointe des pieds, sans exigence particulière, a permis au collectif marseillais de repartir sur de nouvelles bases, plus humaines et plus solidaires. Il a utilisé des méthodes maintes fois éprouvées dans sa carrière auprès des joueurs, à Bordeaux ou Saint-Etienne. L’un de ses crédos notamment, c’est d’instaurer de la convivialité dans la vie commune, à partir de quelques règles simples comme prendre le petit déjeuner ensemble tous les matins, ou interdire le portable dans les lieux communs. Et les joueurs ont appris à leurs dépens que le coach ne plaisantait pas avec ça. C’est ainsi que, par exemple, quand il a surpris Mathieu Valbuena en train d’utiliser son portable alors qu’il était en soins pendant un stage, Baup lui a intimé l’ordre d‘arrêter. « Tu es en train de travailler et dans ce cas, tu éteins ton portable. Sinon, je le jette dans la piscine. » Petit Vélo s’est marré et a obtempéré. La cohérence de Baup séduit. Les joueurs adhèrent à ce programme qui se traduit par des efforts réalisés sur la vie commune tous les jours.
Comment s’étonner alors que cet état d’esprit fait d’attention aux autres, ne rejaillisse pas sur le terrain, reprenant les valeurs d’un football collectif. Comme dans n’importe quelle équipe amateur. Elie Baup appelle ça le foot populaire. Aujourd’hui, les victoires lui permettent d’adosser son propos footballistique aux exigences de la vie en groupe. Cette place de leader ne donne aucune garantie sur la position finale de l’OM dans la compétition mais elle permet juste de travailler dans la sérénité. Et d’attendre tranquillement les aléas, blessures, suspensions, et première défaite, qui ne manqueront pas d’arriver à un moment ou à un autre. Mais Elie Baup s’y est déjà préparé. Il se souvient qu’on le traitait il n’y a pas si longtemps de ringard, alors campé sur ses deux pieds, il attend les secousses.
H. Foxonet.