L’OM passé au crible par ses anciens « boss » A l’approche de PSG-OM (dimanche 21h), Jean-Michel Roussier, Christophe Bouchet et Jean-Claude Dassier analysent pour RMC Sport la crise que traverse le club phocéen. Entre déception, désenchantement… et attachement viscéral aux couleurs de l’OM. 05/04/2012
Le constat Jean-Michel Roussier (1995-1999) : « C’est désolant pour l’OM. Je pense que la saison est pliée. Le match le plus important, c’est la finale de la Coupe de la Ligue (contre Lyon le 14 avril, ndlr). Celui-là, il ne faut pas le perdre. Ce qui est paradoxal, c’est qu’il est devenu beaucoup plus important que le match au Parc dimanche. » Christophe Bouchet (2002-2004) : « Ce n’est pas l’ex-président, c’est le supporter qui est accablé par cette affaire. La situation semble périlleuse. Le club a eu un passage à vide en matière de gouvernance pendant un à deux ans. C’est très complexe, notamment dans ce qu’on appelle un peu grossièrement l’actif joueurs et le relationnel au sein du club. Dans ce bateau, il y a des équipiers qui n’ont pas tout à fait le même horizon. C’est un bateau compliqué à gouverner. (…) Plus on croit maîtriser la situation, moins elle est maîtrisée. » Jean-Claude Dassier (2009-2011) : « Je n’ai pas bien vécu, évidemment, le match à Munich. Même si on ne se faisait plus beaucoup d’illusions, les retournements, en football, ça peut arriver. Ce qui m’a troublé, c’est le manque d’envie, de ‘grinta’. On a eu l’impression qui l’équipe était battue d’avance. Dans ces moments-là, il faut être solidaire, se serrer les coudes, éviter les critiques. Moi, quoi qu’il arrive, je suis avec l’OM. Le rendez-vous de dimanche contre le PSG est essentiel. Le calendrier est difficile mais on va voir si les joueurs ont la moelle. Je ne doute pas qu’ils l’aient. On ne va pas se laisser abattre. Ce n’est déjà pas si mal, ce parcours en Coupe d’Europe… ». L'ambiance Jean-Michel Roussier : « C’est un sentiment de ‘‘dé-passion’’. J’ai l’impression que la passion qui a marqué ce club historiquement, je la retrouve moins. Je ne parle même pas du problème des dix matchs sans victoire qui, à d’autres époques, aurait pu être plus compliqué à gérer. C’est tout le talent de Vincent Labrune de bien gérer ça. J’ai l’impression que les supporters sont devenus des supporters lambda. Tant mieux pour le club, ce n’est pas négatif pour l’OM. Les plus virulents ont vieilli. On a le sentiment, de leur part, d’une espèce d’acceptation, qu’ils se résignent. C’est nouveau à Marseille. » Christophe Bouchet : « Les supporters, c’est un sujet extrêmement épineux à Marseille. Si on ne fait pas la saignée à un moment donné… Il faut prendre les décisions pour être bon sur le plan sportif. C’est extrêmement compliqué. J’en parle de façon détachée. Mais sur place, c’est difficile. Moi, ça ferait longtemps que je serais parti si on était dans ce genre de choses. Là, il y a une dépression liée à la réfection du stade, à la digestion des titres qui étaient tant attendus. On a un peu l’impression d’un état dépressif. Les supporters sont dans une position attentiste. Ils ont peut-être un peu plus de patience. Mais ça ne veut pas dire que le dénouement ne sera pas explosif. » Jean-Claude Dassier : « Je préfère les supporters comme ça. Je pense que ça ne date pas de cette année. Moi, je n’ai pas eu à me plaindre des supporters. Ils sont raisonnables, responsables. Je sais qu’ils se rendent compte qu’un club peut connaitre des moments difficiles. Ça ne sert à rien de s’acharner contre les joueurs, l’entraineur ou qui que ce soit. Les comptes seront faits à la fin. J’aimerais bien que les supporters marseillais soient un peu des supporters à l’anglaise. Supporter le club quand ça va bien, ça roule. Le supporter quand ça va mal, c’est le plus important. Moi aussi, j’aurai des choses à dire à la fin de la saison. Mais ce n’est pas le moment. Il faut laisser l’OM finir le mieux possible ou le moins mal possible. Supportons l’OM jusqu’au bout ! » L’avenir Jean-Michel Roussier : « Au PSG, il y a un investisseur qui a beaucoup de moyens. Il ne faut surtout pas oublier que depuis 1997, il y a un actionnaire à l’OM qui a beaucoup de moyens et qui a permis à l’OM d’être là où il est là. Marseille a une chance inouïe d’avoir Margarita après avoir eu Robert (Louis-Dreyfus), qui peut réinjecter 20 ou 25 millions d’euros à la fin de la saison. » Christophe Bouchet : « Il faut construire, bâtir un projet et ne pas en dévier. Là, on a l’impression que l’actionnaire, le président, le directeur sportif, sans qu’il y ait d’opposition, sont un peu dans une position attentiste. On ne sent pas l’engouement de se dire : ‘Super, on va avoir un nouveau stade, ça va être génial’. Si on n’a pas de projet, pas de définition de l’avenir, on n’a pas de présent. Le PSG avance, même s’il n’a pas une équipe formidable, parce qu’il a un projet. Lyon ne connaît pas la dépression de l’OM parce qu’il y a un projet. » Jean-Claude Dassier : « Je ne suis plus sur place. Je ne suis plus au cœur de l’affaire. Je me garderai bien de donner la leçon à qui que ce soit. C’est une saison compliquée, c’est vrai. Le moyen de s’en sortir un peu, c’est de gagner la Coupe de la Ligue, qui est à nous (sic). J’espère qu’ils vont mettre les tripes sur le gazon. Pas seulement pour avoir un trophée mais pour obtenir la qualification pour la Ligue Europa. La vie continue. »
_________________ "Les cons, ça ose tout. C'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnait!"
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