OM : Didier Deschamps est un usurpateur, voyons ! Publié le 30.03.2012 à 18:33 par Romain Molina • 0 réaction
La situation de l’Olympique de Marseille agite toutes les composantes du club, jusqu’au jardinier. Les médias s’en donnent également à cœur joie. Dans ce bruissement, Didier Deschamps est parfois désigné comme le grand responsable, comme s’il était un incapable. Lucho Gonzalez et Didier Deschamps
Didier Deschamps avait fait de Lucho Gonzalez un de ses joueurs de base. Ce qui n'était pas au goût de certains, malgré les titres (Om.net)
Dans le grand barouf footballistique, certaines personnes sont insaisissables. Chaque individu en ce bas monde dispose de plusieurs visages, masquant le plus souvent leur véritable personnalité. Bien entendu, cerner un mouton de Panurge ne nécessite pas un doctorat en psychologie. Etant donné que nos centres de formation pullulent de créatures formatées, les comportements sont généralement attendus, afin de ne pas bousculer le système. Même si les attitudes individualistes vont modifier des trajectoires, au fond, elles ne changent pas grand-chose. Personne ne va chercher le pourquoi du comment. On est assis bien sagement en profitant d’un ensemble de règles établies depuis des années. Une belle liste d’ennemis en coulisses
Toutefois, on a parfois des « ratés ». Des cas à la Jérôme Leroy, n’hésitant pas à s’exprimer en humain. Côté entraîneur, le formatage est aussi à la mode. Or, dès qu’un audacieux arrive avec des méthodes originales et la volonté de professionnaliser davantage le club, avec un œil acéré sur le moindre détail, des remous se créent. Surtout quand celui-ci a une grande gueule et une petite bouille fourbe, capable de mordiller tout ce qui bouge pour parvenir à ses fins. Comprendre le personnage Didier Deschamps, à moins d’être sa moitié, relève de l’impossibilité. La seule chose qu’on peut conclure sur le bonhomme est son nombre d’ennemis dans le milieu. « Adulé » par la FFF et un certain nombre de pontes du football français, Gérard Houllier en tête, DD suscite les mêmes défiances dans la sphère médiatique. Il n’y a qu’à entendre Rolland « je n’ai pas dit que j’avais raison, mais je n’ai pas forcément tort » Courbis évoquer la grande responsabilité de l’entraîneur phocéen avec des raisons extrêmement loufoques. La dernière en date ? En gros, avoir préféré Gignac à Gameiro, vu la qualité de passe de Lucho, est une bouffonnerie sans nom. Tiens, l’Argentin, ce bougre d’âne qui restait sur le terrain à cause de l’entêtement suicidaire de Deschamps – on exagère le trait, mais à peine – est redevenu un virtuose ? On rappellera également que l’entraîneur marseillais n’avait pas eu son premier choix (Luis Fabiano), ni son second (Gilardino), devant se contenter d’une pioche hexagonale. Et qu’il attache une énorme importance à la personnalité du joueur. Si Gignac a plein de défauts, dont l’impulsivité, il n’est pas aussi égoïste et agitateur de vestiaire que Gameiro. Au pire, demandez à Morgan Amalfitano.
Cependant, les groupes de presse ne tirent pas tous à boulet rouge sur DD. Notamment L’Equipe, qui était beaucoup plus virulent avec Antoine Kombouaré et Claude Puel. On ne peut que se réjouir de voir, en général, un minimum de recul de la part des journalistes spécialisés sur Marseille – notamment d’Hervé Penot -. Ça change de Paris. En somme, 50-50. D’un côté, on magnifie l’entraîneur et son palmarès. De l’autre, on le fusille à cause de ses tactiques jugées défensives et son envie d’impact physique. En oubliant soigneusement le rôle pernicieux de l’ami José. Les vermines autour du club sont bien plus responsables
Personne ne pourra contester l’attachement de José Anigo envers Marseille et ses heures de travail pour tenter de sauver les apparences. Toutefois, son influence et son cercle de connaissances empêchent toute relation saine. Mais, comme il est populaire et a toujours un mot sympa pour chaque employé ou supporter, on ferme les yeux sur son petit manège. Ses relations avec certains agents ont dépassé le cadre du copinage. On peut même parler de « vol en bandes organisées » vu le nombre de navets, jeunes et plus âgés, refilés à la Commanderie. Cependant, rendons gloire à César vu son influence pour enrayer la mécanique Bernès, qui n’est pas un gage d’assurance et de sérénité.
Au lieu de se questionner sur les choix de Deschamps et sa quête d’équilibre à la récupération du ballon (sachant que ce débat est le fondement même du jeu de Guardiola), il faudrait mieux dégobiller sur les responsables de l’ambiance nauséabonde autour de l’OM. Il est tellement facile d’appeler telle ou telle personne sous contrat avec l’Olympique de Marseille et de jouer au tartuffe. Si Vincent Labrune tente de cacher les apparences, il a surtout minimisé l’influence de José et son petit monde. Et, comme un hasard, ses proches dans le vestiaire sont les premiers à monter au créneau contre le vilain Deschamps. Même Morel, auquel DD préférait Trémoulinas, a trouvé le moyen de se plaindre récemment, comme quoi il n’était pas assez soutenu. On parle d’un « imposteur », sans parole – demandez au Stade Rennais –, à peine plus compétitif que Djimi Traoré et ses cannes d’octogénaire. La remarque vaut aussi pour le sympathique Charles Kaboré et son égo pachydermique. Vincent Labrune attendait sans doute une intervention divine
Dans une société où l’image prend une emprise de plus en plus importante, la banderole des South Winners a fait grand bruit (« Deschamps et tes joueurs, cassez-vous »). Comme si tous les supporters marseillais voulaient son départ. Or, L’Equipe du jour nous informe que « l’OM a mené une enquête sur les réseaux sociaux pour savoir qui les internautes jugeaient responsables de la mauvaise passe actuelle. Les joueurs étaient pointés du doigt six fois sur dix, les dirigeants trois fois. Seuls 10% des réponses visaient Deschamps. Le plus souvent en lui accordant des circonstances atténuantes ». Cela n’empêche pas le petit monde footballistique de s’agiter frénétiquement autour de Deschamps, voire de Labrune en se projetant sur la saison prochaine. Pas en se concentrant sur son nombre d’erreurs incalculables de sa première campagne.
Le boss olympien a totalement sous-estimé sa fonction et l’environnement marseillais, notamment entre Anigo et Deschamps. Quand deux des personnages les plus influents d’une société ne s’apprécient pas et sont prêts à tout pour dézinguer l’autre, comment peut-on ne rien faire ou presque, en attendant sans doute une intervention divine ? Un dirigeant doit être un visionnaire, prenant à bras le corps sa charge. Evidemment, les responsabilités de Labrune dans la holding Louis-Dreyfus sont énormes et nécessitent de nombreux jours hors de Marseille. Mais au point d’être aussi peu présent au quotidien du club (surtout au début, il est désormais beaucoup plus présent physiquement)… Michel Tonini mérite l’emprisonnement pour abus de conneries
Attention, Didier Deschamps n’est pas l’homme parfait, loin de là. Mais il combat au quotidien dans une ambiance détestable, rendue oppressante par les vrais coupables de cette dégénération. De ce ramassis de joueurs se prenant pour des stars, se plaignant à longueur de journée sur les « chouchous » de leur entraîneur. Comme un hasard, on remarquera que la grande majorité des éléments humbles font une année remarquable (Azpilicueta, Mandanda, N’Koulou, Rémy mais aussi Diawara, qui sert davantage les intérêts collectifs que personnels).
Le pompon dans cette histoire reste toutefois le droit à la parole de certaines personnes. On peut citer un journaliste de France-Soir, sans doute bien éméché (« Dans le choix des joueurs, l’entraîneur n’a pas toujours eu le nez creux, refusant le Toulousain M’Bengué pour choisir Morel. » M’Bengué coûtait environ quatre fois plus cher que Morel, mais ce n’est pas grave), ou le fameux Michel Tonini. Football 365, réputé mondialement pour son escroquerie intellectuelle, a trouvé le moyen de l’interroger. On va juste rapporter un passage, qui se passe de commentaires. « Deschamps est nul et ne comprend rien au foot. Il est à un poste où il ne devrait pas être. Il cache son incompétence derrière les mauvais esprits. » Puissant. Très puissant. Continuons à prouver notre culture footballistique jour après jour et à ne pas faire confiance à un homme qui a amené Monaco en finale de Ligue des Champions, en amassant une Coupe de la Ligue, puis un titre de Serie B avec la Juventus, et, enfin, le sacre avec Marseille, ainsi que deux Coupe de la Ligue.
La critique n’est pas synonyme de destruction non argumenté. Bien entendu que les choix de Deschamps peuvent prêter à discussion. Heureusement d’ailleurs ! Mais imputer la dégringolade phocéenne et faire passer pour un canasson un tel homme relève de l’ânerie. A son départ, espérons pour le club olympien qu’il ne réclame pas ses trophées qui garnissent bien gentiment la vitrine, cela ferait bien vide. Enfin, quoi d’étonnant dans un pays où Carlo Ancelotti est vilipendé pour son jeu soi-disant défensif….
_________________ "Tudor n’a aucune raison de l’aligner, ça peut être que mauvais pour lui si Payet est bon" "Anigo: tactiquement il est au dessus de Tudor"
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