Vous êtes ici : Sharkfoot » France » Gérard Roland : « On n’est pas tous doués pour jouer la Ligue des Champions » Publié le 07.02.2012 à 08:00 par Alexandre Birraux • 0 réaction
Gérard Roland est le capitaine de la réserve de l’Olympique de Marseille qui évolue en CFA2. Arrivé en 2010, date à laquelle l’équipe évoluait encore en DH, le club avait comme objectif de remonter rapidement en CFA2. Chose réalisée dès la saison 2010/2011. Ce solide défenseur central apporte toute son expérience et son vécu à une équipe manquant cruellement de savoir-faire. Rencontre avec un joueur au rôle élargi dans cette équipe.
Gérard Roland avec les jeunes
Gérard Roland avec "ses" jeunes (Crédit photo : OM.net)
Quel était ton rôle affiché lors de ton arrivée à l’OM ? Je devais être rassurant sur le plan de la sérénité technique et mentale. J’avais l’expérience des matchs où l’on est déstabilisé et j’étais donc là pour rassurer les jeunes qui en avaient moins l’habitude. Sur le plan sportif, mon poste jouant, je devais aussi guider l’équipe, placer les joueurs.
Quelles sont tes relations avec le staff technique et notamment Franck Passi (entraîneur de la réserve) ? Pour avancer, j’ai besoin d’un gros relationnel avec le staff. Il m’a donc donné le brassard et a fait en sorte que je sois considéré dans l’équipe. Il m’a donné beaucoup de confiance et dans l’échange, il n’hésite pas à me prendre entre quatre yeux pour discuter des choses à améliorer dans l’équipe ou dans mon rôle. Il a toujours été à l’écoute.
Quel est le niveau de la réserve ? Aujourd’hui elle est en CFA2 mais je pense qu’elle peut aller plus haut. Cependant, il est quelques fois plus intéressant d’avoir une équipe réserve en CFA2 qu’en CFA puisque cela permet aux jeunes intégrant l’équipe de ne pas avoir une trop grosse marche à passer avec le centre de formation.
Et l’effectif est de qualité ? Oui mais aujourd’hui les jeunes sont immatures dans le jeu. Ils sont pleins de qualités mais ils n’ont pas encore la tête en place. Pendant les matchs, cela peut nous faire défaut. On joue peut-être bien mais cela ne suffit pas pour être efficaces avec des jeunes.
Que peux-tu nous dire des deux joueurs travaillant souvent avec le groupe professionnel : Gadi et Omrani ? Ils n’ont pas été impatients de monter avec l’équipe professionnelle. Ils savaient que ça allait venir. J’insistais avec eux sur les valeurs du travail pour qu’ils progressent plus vite.
Parlons un peu de toi, comment as tu commencé ta carrière de footballeur ? Je suis arrivé tard dans le parcours. J’ai joué les deux dernières années de formation à Bordeaux. Mais avec la réserve de Bordeaux, je me suis blessé et comme on ne faisait pas dans les sentiments je n’ai pas beaucoup joué.
C’est une impression ou les joueurs professionnels descendent de plus en plus rarement en équipe réserve ? À l’époque, on obligeait un joueur professionnel à descendre s’il le fallait. Maintenant, …
Et après Bordeaux, que s’est-il passé ? Un pseudo-agent, ancien recruteur à Cannes, est venu me voir et m’a envoyé au Portugal. Là-bas, c’était horrible. On n’avait pas de terrain d’entraînement, on jouait sur le terrain du stade. Au niveau tactique, c’était catastrophique. On faisait du marquage individuel sur tout le terrain alors pour moi qui sortait d’un centre de formation … Je ne connaissais que la marquage en zone. Mais après, l’entraîneur a changé, ça allait mieux. Gérard Roland avec Bracigliano
En discussion avec Gennaro Bracigliano (Crédit photo : OM.net)
C’était une expérience difficile mentalement ? Eh bien tu pleures dans ta chambre le soir mais tu te remontes les manches. C’était pas des rigolos là-bas et en plus j’étais jeune. Mais vivre cette expérience difficile m’a aidé à ne jamais rien lâcher et à me forger un caractère solide.
Comment était le championnat portugais ? Folklorique. Dès que tu ne gagnes pas de match, tu n’es plus payé. Alors quand tu as 20 ans et que tu n’as pas d’argent de côté, pour manger, ça devient compliqué. Je te parle pas de voitures là, je te parle de pouvoir manger. Quand tu reviens en France, tu as le syndicat des joueurs, les salaires tous les mois qui tombent. Tu relativises beaucoup …
On a entendu que Cédric D’Ulivo devait peut-être s’engager pour un club portugais, tu lui as parlé de ton expérience ? Je lui ai dit de faire attention et du coup, il n’avait plus envie d’y aller. Mais au centre de formation de l’OM, ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont d’avoir de beaux équipements et terrains. Ailleurs, tu es lâché dans la nature.
Lâché dans la nature ? Et bien on te dit les choses une fois, deux fois et après on te met de côté si tu ne les respectes pas car des joueurs, il ne faut pas l’oublier, il y en a des milliers.
Ton métier de footballeur te permet de vivre correctement ? Je vis du football. Je ne gagne pas des millions mais le football me fait vivre. Et vivre avec sa passion, c’est beau.
Tu suis des études en même temps ? Je prépare un Master 2. J’essaie de faire le maximum de choses. Ça marche ? Tant mieux. Ça ne marche pas ? Tant pis. Mais je ne veux pas avoir de regret.
Tes recherches servent-elles à l’OM ? (Gérard Roland prépare une thèse sur la psychologie des jeunes joueurs en centre de formation) Le club veut mettre le projet « jeunes » en place. J’ai un peu un deal avec l’OM. Je regarde ce qui se fait dans les clubs, je l’analyse puis je donne les informations pour que Marseille puisse le mettre en place après.
Tu trouves que tu as eu une carrière satisfaisante ? On n’est pas tous doués pour jouer la Ligue Des Champions. La nature y est quand même pour quelque chose dans la réussite ou non d’un joueur. Et même avec des milliers d’heures de travail, je ne serais jamais aussi physique que Souley Diawara et rapide que Loïc Rémy. Personnellement, j’ai des problèmes aux abdominaux qui m’ont gêné dans ma progression. Mais j’ai joué contre le Sportif et Porto au Portugal, dans de beaux stades. C’était sympa. J’aurais pu monter en L2 à une époque mais cela ne s’est pas fait. Gérard Roland et Diawara
A l'entrainement avec Souleymane Diawara avant la rencontre contre Arsenal (Crédit photo : OM.net)
Tu as des souvenirs marquants à l’OM ? Quand je suis monté avec les pros et que j’étais dans le groupe pour rencontrer Arsenal en Ligue Des Champions. J’étais assis à quelques mètres de Wenger, la musique de la compétition … C’était génial !
Et cette année, la montée en CFA est possible ? Cela va être difficile car on a pris beaucoup de retard. Dernièrement, on n’était pas dans une bonne série. L’année dernière, je nous sentais pourtant très sereins. Cette année, on est plus friables. La raison ? L’année dernière, la moyenne d’âge était de 20-21 ans alors que cette année, c’est 17-18 ans. Ils découvrent donc le haut niveau. Mais il n’y a pas péril dans la demeure si l’on ne monte pas.
Comment est le centre de formation de l’OM ? Sincèrement, aujourd’hui, il est au top. Avant c’était compliqué puisque c’était dans des préfabriqués, loin des terrains. Mais maintenant, c’est chambre tout confort, superbe terrain. Vraiment, c’est un outil de travail génial.
As tu des relations avec les joueurs de l’équipe 1 ? Je ne fais pas parti de l’équipe 1. J’ai été amené à m’entraîner souvent avec les pros du fait de la blessure de Stéphane M’Bia en début de saison. J’ai de bonnes relations avec les joueurs mais ce ne sont pas des amis. On ne s’appelle pas souvent mais si on se rencontre, on peut avoir une conversion sereine et intéressante qui va plus loin que le « Salut, ca va ? ».
_________________ "Tudor n’a aucune raison de l’aligner, ça peut être que mauvais pour lui si Payet est bon" "Anigo: tactiquement il est au dessus de Tudor"
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