On a retrouvé Baka !
Qui de mieux pour évoquer un OM-Montpellier qu’un joueur ayant marqué l’histoire des deux clubs ? Qui de mieux qu’un joueur ayant façonné le légendaire 5-4 d’août 1998 ? Qui de mieux qu’Ibrahima Bakayoko ?
On l’avait quitté fidèle à lui-même. Capable du pire comme du meilleur. Ça s’est fini sur une soirée d’été, quand un OM bien fringant débutait sa saison 2003-04 à Guingamp. En brandissant sa toute fraîche doublette Drogba-Mido, Alain Perrin se permettait le luxe de laisser Ibrahima Bakayoko sur le banc au coup d’envoi.
Face à l’imperméabilité du Roudourou, l’Ivoirien entrait à la 73e. 20 minutes. Ce qu’il restait au buteur fétiche de l’OM version début des années 2000 pour se signaler. S’il expédiait d’emblée le cuir dans les tribunes à un mètre de la ligne de but, Ibrahima avait un dernier tour dans son sac. D’une puissante frappe à ras-de-terre, dans un angle bien fermé, le buteur offrait la victoire. 0-1. Bakayoko ne sait pas encore qu’il s’agira là de son dernier but à l’OM, mais également de son antépénultième sortie en ciel et blanc. Peu importe, il venait de sauver les siens. Une fois de plus diront certains. «C’est du Baka» rajoutera Alain Perrin, qui verra par la suite son buteur s’envoler vers Pampelune faire le bonheur d’Osasuna.
Héros d’une mi-temps
Quand Nicollin lui lâchait des vacances
«Je me rappelle qu’après une CAN je n’avais pas eu de vacances. Louis Nicollin avait alors convaincu mon entraîneur de l’époque, Michel Mézy, pour me donner 3 jours de repos. Je les ai passés avec ma famille en Côte d’Ivoire, puis je suis revenu la veille d’un match face à Toulouse. C’était risqué car certains joueurs n’étaient pas contents. Mais moi je me comprenais, ils avaient eu trois semaines de vacances. Moi, rien. Au final, on gagne 2-0 et je mets les deux buts. J’avais foi en moi.»
Près de 10 ans plus tard, Baka est toujours en activité. Il fait désormais trembler les défenses grecques, et revêt chaque week-end la tunique du PAS Giannina, leader incontesté de la Beta Ethniki (division 2 grecque). «J’aime la vie en Grèce, tout va bien. J’aimerais bien rester ici encore quelque temps, même après ma carrière» nous confie-t-il au téléphone avec son inégalable accent. Malgré l’éloignement, il est resté attaché à ses souvenirs marseillais. «Je suis encore l’OM, je vois quelques matches. Aujourd’hui je suis dans la peau d’un spectateur. Je pense que face à Montpellier, c’est celui qui en voudra le plus, et qui se battra sur tous les ballons, qui parviendra à s’imposer» analyse-t-il au sujet de la finale de samedi. Concernant le championnat, le fantasque canonnier juge que «le titre est encore jouable» pour les Olympiens. «Lille ne va pas tenir jusqu’au bout, non ? Il faut leur mettre la pression» prévient-il appréciant tout particulièrement Loïc Remy. L’OM dans la peau du chasseur en somme. Chasseur de but, il l’a lui-même été. Chassé par les Phocéens, il l’a aussi vécu. Plutôt mal d’ailleurs.
Bien avant de poser ses valises sur la Canebière, Baka a sillonné les terrains de l’hexagone avec la tunique montpelliéraine sur le dos. Et il était bien évidemment de la partie lors du mythique 5-4 d’août 1998. «C’est un très gros souvenir, et beaucoup d’émotions qui reviennent» nous rapporte-t-il aujourd’hui. «Tout le monde naviguait dans l’euphorie». Et pour cause, lors du retour aux vestiaires, à la pause, les joueurs héraultais menaient fièrement 0-4 au Vélodrome. Baka y était même allé de son petit doublé. «En 2ème mi-temps, on a même eu d’autres opportunités pour aggraver le score, mais on les a ratées» se souvient-il. Humiliés devant leur public, les Olympiens allaient finalement remonter la pente. «L’OM a su revenir grâce au soutien du public qui leur a donné la force. Il n’a pas lâché son équipe». 5-4, score final grâce aux Blanc, Dugarry et autres Maurice.
Impressionné par l’ambiance indescriptible jaillissant des tribunes, Baka sait à ce moment-là que son histoire avec l’OM n’en est qu’à ses prémices. Bien vu, il débarquait sur les bords du Vieux Port un an plus tard, après un court passage à Everton...
«J'ai apporté ma petite pierre à l'histoire du club»
«J’étais très content. J’ai été accueilli avec beaucoup de joie. Je ne m’attendais pas à rester aussi longtemps. Ces 5 saisons sont passées très vite, je me suis donné à l’OM. C’est une expérience qui m’a permis de me forger un mental» abonde-t-il. Car à Marseille, l’ancien héraultais va expérimenter les aléas d’une carrière sous le plastron olympien. Soit l’exigence que ça comporte en termes de rendement. Surtout pour un buteur. «Les gens étaient parfois déçus, mais d’autres fois les critiques étaient aussi injustifiées. Papin est passé par là aussi» se défend-il. Mais il faut bien le reconnaître, là où JPP brillait de réalisme face aux cages, Baka n’avait pas son pareil pour rater certains buts tout faits. Pour ‘’manger la feuille’’ diront certains… Au-delà de ses habituels ratés, Ibrahima s’était fait une spécialité de sortir du bois au moment le plus inattendu. «Je sais ce que j’ai fait pour l’OM. Ce n’est pas facile de réussir à Marseille. Mais quand on m’a fait confiance, j’ai pu donner satisfaction» vante-t-il. De son fameux coup de canon à Old Trafford – «celui-là, on m’en parle encore aujourd’hui !» - au but du maintien inscrit à Sedan en 2000, Bakayoko ne se cachait pas dans les grands rendez-vous. C’est peut-être aussi grâce à ça que l’Ivoirien a su gagner une affection toute particulière de ce public si exigeant. Et qu’il le lui rend si bien. «Après le 5-4 j’étais impressionné par ces supporters, cette ambiance. Je ne pouvais pas m’imaginer refuser l’OM dans le futur. Puis j’y ai signé, je voulais rester pour marquer l’histoire du club. Je pense que j’y ai apporté ma petite pierre».

_________________


Aller je me mouille : si deux des trois se présentent aux primaires, je prends ma carte à l'UMP
