chris a écrit:
Desproges lui par contre tiré sur tout le monde sans exception, il n'y-a jamais eu de levé de bouclier ... on me dira pas la même époque, c'est surtout que c'était un républicain qui n'a jamais fait l'apologie de thèses douteuses et ne flirtait pas avec des extrémistes, il n'y avait pas de doutes, il faisait de l'humour.
Desproges était un humaniste qui critiquait la société dans son ensemble sans aucun parti pris et avec le souci impérieux de ne jamais sortir de son rôle d'humoriste sauf à éveiller un peu les gens à l'occasion quand certaines machines politiques ou médiatiques appuyaient trop régulièrement sur le bouton "bourrage de crâne". Il tapait très fort certes, mais jamais à l'aveuglette et toujours là où ça grattait vraiment en fustigeant nos travers les plus évidents ou les plus insidieux et en stigmatisant de vrais problèmes de société, quitte à s'attirer les foudres du pouvoir ou de certains lobbys.
Le rire n'est jamais gratuit, facile ni anodin de toute façon, il s'articule à une une réalité, et particulièrement lorsque cette dernière est terrible, violente, étouffée ou sinistre. Sinon y a Franck Dubosc et consorts aussi, c'est bien pour les 6-8 ans…
J'ajoute que lorsqu'il était sur le fil du rasoir, il laissait toujours une porte de sortie pour un deuxième degré salvateur, ce qui était une façon d'attirer l'attention sur certains abus, non d'en tirer des concluions définitives. Ses propos étaient vaches mais jamais déloyaux et certainement pas xénophobes ou racistes ! Desproges était l'exact contraire d'un mec comme Dieudonné ! C'est même hallucinant de rapprocher deux personnages aussi peu semblables ! Pour autant, une fois ou deux il a été vache de façon un peu gratuite (envers Dalida par exemple), ça je te le concède, mais ça ne durait pas plus d'une vanne, d'une phrase et généralement il s'en excusait rapidement d'une manière ou d'une autre s'il se rendait compte qu'il avait un peu quitté les rails. Le luron était infiniment moins regardant en la matière alors que ses textes minables étaient très consensuels (écrits par B. Mabile), dommage car il avait du talent (« des textes immondes » pour reprendre les propres mots de Desproges qui reconnaissait d'ailleurs le talent de Le Luron).
cobra a écrit:
Bin justement, si tu tires sur tout le monde, y a rien à dire. Le probleme c'est quand tu tires tout le temps sur les mêmes.
Absolument, et puis les mots, les idées et le fond du propos n'ont strictement aucun rapport entre Desproges et Dieudonné !
Coluche était d'ailleurs dans le même état d'esprit que celui de Desproges. La différence par rapport à aujourd'hui, c'est que l'un et l'autre étaient pétris de talent, qu'ils décrivaient les véritables travers de nos sociétés sans faire de compromis pour plaire à untel ou untel, ou pour courir après un cachet, ni outrepasser leur rôle d'amuseur et de petit contre-pouvoir face à l'hégémonie des médias modernes . À ce titre, l'épisode des élections de 81 n'était qu'une façon sèche et amusante de faire réagir la société dans l'espoir qu'elle avance un peu vers la tolérance et la prise en compte de la misère, très loin du militantisme actuel de certains. Coluche et Desproges s'estimaient sincèrement d'ailleurs, ce n'était pas pour rien.
De surcroît, et contrairement à ce que tu avances, il y avait très régulièrement des levées de bouclier (« La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède » fit beaucoup jaser en son temps), et des tentatives du pouvoir —à droite comme à gauche— pour museler Coluche et Desproges ! La preuve lorsque le service d'ordre du FN envahit les locaux de France Inter pour essayer de contrôler le déroulement et l'enregistrement en direct de l'épisode du « Tribunal des flagrants délires » dans lequel Le Pen était l'invité, ce qui eut… exactement l'effet inverse ! Comble de l'ironie, ce jour-là, l'excellent sketch ultra-provocateur de Luis Rego à la suite du texte magnifique et détaché de Desproges firent sans doute bien plus pour remettre le Pen à sa place crasseuse après les propos acides et sur-réalistes qu'il avait tenus quelques instants auparavant, que des pseudo velléités politicardes de gauche et de droite qui apparurent ensuite et dont le but inavouable était de se servir du FN comme d'un tremplin électoral avec les conséquences catastrophiques à long terme que nous pouvons constater presque 32 ans plus tard…
Pour autant ne soyons pas passéistes ou nostalgiques, car aujourd'hui les humoristes ont le courage de s'attaquer à des problèmes majeurs, comme la complexité des téléphones portables ou l'intérêt réel des jouets Barbie ! Effectivement c'est autre chose… Comparer Desproges à Dieudonné, ou pire comme je l'ai lu ici ou là (je ne parle pas de toi là hein

), associer les deux dans un même élan de crétinisme pur, relève au mieux de la méconnaissance totale des écrits et des propos de Desproges, au pire de la malveillance à grande échelle (et je pense que c'est loin d'être une question de hasard).
Si tu veux mieux cerner le personnage, je te conseille l'entretien réalisé par Yves Riou et Phillipe Pouchain en 1986 dans lequel Desproges explique sans la moindre ambiguïté ni le moindre détour, sa position sur ces sujets, mais de grâce, cesse de mettre en parallèle deux personnages aussi peu compatibles, Desproges mérite infiniment mieux, ne serait que pour la qualité de ses textes, son impartialité absolue, et pour son intégrité intellectuelle et artistique !

Concernant Dieudonné, il est inexcusable, irrécupérable et dangereux, et que Vals soit sincère ou pas, il fait monter sa propre mayonnaise et joue avec le feu alors qu'il y avait sans doute d'autres moyens légaux bien plus efficaces et bien plus discrets pour annihiler l'influence infecte d'un tel parasite probablement piloté par telle ou telle entité bien plus dangereuse que lui, hélas !