Fred a écrit:
Je voulais parler des incohérences dans les scénarios
Oui, et Elric évoque la même chose en réalité.

Les intellos du cinoche appellent ça la diégèse (le récit et ses références spatio-temporelles), qu'ils opposent à la mimêsis (l'aspect visuel et l'imitation poétique du monde).
En prataique, on peut imaginer toutes les formes de narration possibles, mais aussi alambiquées soient-elles, on doit pouvoir y trouver une logique crédible pour que l'ensemble fonctionne. Peu importent le genre, les codes, l'environnement, chaque élément de l'intrigue doit être justifiable d'une manière ou d'une autre au sein du canevas exposé à l'origine : personnages, lieux, époques, techniques, etc.
Prenons un exemple simple ; les films nous ont habitués depuis longtemps à des vaisseaux spatiaux qui font du bruit dans l'espace ce qui est évidemment impossible.
Or, dans le cas de Star Wars, pourquoi pas, ça fait référence à l'aviation —et à son prestige pour le public américain— du coup, ça passe car le cœur de la narration ne réside pas dans cette la crédibilité technique, au contraire. C'est une fable, de la fantasy post-moderne façon tragédie grecque sauce chewing-gum, donc on s'en fout et ça ne gêne personne.
En revanche, si Kubrick avait fait ça pour 2001, ça n'aurait pas marché car les sujets abordés dans le film, à savoir l'essence de la vie, l'éventualité extra-terrestre, la réincarnation, l'origine de l'homme, l'aliénation, la science, l'incommunicabilité et la conscience de la liberté, doivent se plier aux réalités techniques et scientifiques que nous connaissons pour que l'ensemble soit crédible et conserve sa puissance d'impact.
Pourtant, le film comporte des aspects fantaisistes comme les fameux effets spéciaux mis au point par Kubrick et Douglas Trumbull et tournés en 70mm pour la fameuse scène de réminiscence/renaissance du héros, ou… les félins au tout début, censés incarner les smilodons et machairodus qu'ont croisés les premières tribus d'hommes !

Prends le fameux MacGuffin hitchcockien (un élément qui sert de point de départ au récit, un prétexte), il a beau être parfois violemment tiré par les cheveux comme dans L'inconnu du Nord-Express (où deux types qui ne connaissent pas échangent deux projets de meurtres respectifs, un de ses meilleurs films d'ailleurs), TOUT le reste est lié implacablement à cette amorce sans la moindre incohérence.
Peu-importe le reste, il faut que le postulat énoncé en préambule trouve son écho à l'arrivée. C'est là que réside la cohérence de l'ensemble. Voilà en gros ce que veut dire Elric et qui dépasse le seul principe du scénario.
Et si Batman peut voler, il porte encore des slips (en kevlar certes mais quand même) !
