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« L’exemple à suivre, c’est Dortmund »
VINCENT LABRUNE, le président de l’OM, veut s’inspirer du finaliste de la dernière Ligue des champions pour tenter de lutter avec le Paris-SG et Monaco en L 1.
Deuxième en mai dernier, l’OM peut-il faire aussi bien cette saison, alors qu’il retrouve la Ligue des champions et que Monaco déboule dans le paysage de la L 1 avec des moyens colossaux, comme le PSG ? Pas résigné à l’idée de créer la surprise dès cette saison, Vincent Labrune (42 ans) veut surtout bâtir une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs d’ici deux ou trois ans.
« QUE VOUS INSPIRENT les premières sorties de l’OM en amical cette saison ?
– On affronte parfois des équipes qui ne sont pas au même stade de préparation. Je n’accorde absolument aucune importance aux résultats de tous ces matches amicaux. Aucune. D’autant qu’il n’y a pas souvent de corrélation avec la compétition. Regardez nos résultats la saison passée (un succès, trois nuls, une défaite). La seule chose qui influence ma réflexion, c’est la compétition.
Entendre que le PSG et Monaco vont se partager les deux premières places, ça vous inspire quoi ?
– Il faut être pragmatique. Depuis 2011 et l’arrivée du Qatar au PSG, l’environnement du foot français n’est plus le même. La concurrence pour les premières places n’est plus du tout la même qu’avant. Elle va s’accroître cette saison avec l’arrivée d’un deuxième mastodonte, Monaco. Il faut l’acter et s’y adapter. Depuis 2011, l’OM n’est plus le même club. Son ADN, c’est le podium de la Ligue 1. Mais pour l’atteindre, c’est moins facile qu’avant 2011.
Est-il possible pour l’OM de faire le match avec le PSG et Monaco ?
– L’exemple à suivre, c’est Dortmund. Sur le recrutement des grandes stars internationales, on ne peut pas lutter. Il y en a quatre en Ligue 1 : Falcao, Cavani, Thiago Silva et Ibrahimovic. Trois jouent au PSG, une à Monaco. L’attaque du PSG n’a pas d’équivalent en Europe. Nous nous sommes recentrés sur le marché français avec l’ambition, d’ici deux ou trois ans, de nous installer parmi les meilleurs grâce à un groupe talentueux, uni, qui aura mûri. Il y a deux ans, Dortmund a été champion d’Allemagne alors qu’il n’avait pas les moyens du Bayern Munich pour recruter.
Il y a un an, la rigueur budgétaire et la diminution de la masse salariale étaient votre priorité absolue. Est-ce encore le cas ?
– Le contrôle de la masse salariale, c’était déjà une priorité à mes yeux lorsque Robert Louis-Dreyfus m’avait nommé président du conseil de surveillance en 2007. Mais ce n’est pas moi qui dirigeais le club. J’ai engagé sa diminution en janvier 2012 en cédant Lucho au FC Porto. C’est devenu un impératif absolu pour 95 % des clubs qui doivent tous faire face à la même équation : arriver à un équilibre financier avec plus de charges et moins de recettes. La saison passée, nous avons comblé 40 millions de pertes tout en parvenant à nous qualifier pour la Ligue des champions, le tout dans un stade en travaux. Nous sommes l’un des seuls clubs de L 1 à l’équilibre. Nous avons investi plus que tous les autres réunis mais nous avançons dans un cadre budgétaire précis. Notre masse salariale est passée de 85 à 65 millions d’euros. L’objectif, cet été, ce n’est pas de l’augmenter.
Quelles ambitions pouvez-vous nourrir cette saison ?
– Ce sera la dernière avant l’entrée dans le nouveau stade. Il s’agit d’une saison charnière. Si nous obtenons les mêmes résultats, nous pourrons envisager les perspectives en 2014 avec optimisme. Nous disposons d’un bon groupe, supérieur à la saison passée, puisque nous n’avons vendu aucun cadre et avons acheté Payet, Imbula et Mendy. Et puis, l’état d’esprit est vraiment bon.
Mais cette saison, à la différence de celle que vous venez d’achever à la deuxième place, l’OM sera attendu…
– Le Championnat est plus relevé avec deux locomotives. Notre objectif, c’est de nous accrocher à elles et de terminer sur le podium. Après, vu les moyens du PSG et de Monaco, si nous sommes compétitifs en L 1, nous avons de bonnes chances de l’être sur la scène européenne. Le PSG aura au moins 350 M€ de budget et vise le top 5 européen. Il faut rester cohérent.
En Ligue des champions, vous viserez donc au moins les huitièmes de finale.
– Fixer un objectif aujourd’hui, ça ne veut rien dire. Ça dépend trop du tirage au sort. On va chercher à gagner le plus de matches possible, à faire honneur à nos couleurs, à emmagasiner de l’expérience pour, d’ici deux ou trois ans, être la belle surprise de la compétition. Un peu comme Dortmund.
Vous avez déclaré que votre meilleure opération, pendant ce mercato, avait consisté à conserver Nicolas Nkoulou et Steve Mandanda.
– C’est une satisfaction, oui. Steve est un cadre indispensable. Nico est l’un des meilleurs joueurs du Championnat. Depuis quelques saisons, nous marquons peu de buts mais nous en prenons aussi très peu et c’est en bonne partie grâce à eux.
Vous êtes soulagé de les savoir marseillais encore une saison au moins, alors que Monaco les pistait ?
– Ç’aurait été un vrai souci s’ils étaient partis, surtout chez un de nos concurrents. Ma crainte était qu’ils prennent mal le fait qu’on les empêche de partir. Tout s’est très bien passé. C’est le fruit des relations de confiance que nous entretenons avec nos joueurs. Avec eux, il sera temps, dans un an, de voir si une équipe plus solide que la nôtre peut leur permettre de franchir un cap. Si c’est le cas, on trouvera un terrain d’entente. Sans vouloir manquer de respect à Monaco, leur départ là-bas n’avait pas de sens, sportivement. Ne serait-ce que parce que Monaco ne dispute pas la Ligue des champions.
Pouvez-vous affirmer qu’aucun autre cadre ne partira ?
– Je ne peux rien certifier de ce genre, non. A priori, nous ne prévoyons aucun départ d’un joueur majeur. Maintenant, dans le foot…
Vous pensez à André Ayew ?
– Il voulait partir, il y a un an. On l’a convaincu de rester. Il est resté et il a bien fait. C’est un joueur important.
Entre José Anigo (le directeur sportif), Élie Baup et vous, qui fait quoi pendant ce mercato ?
– On travaille de façon collégiale. Élie définit ses priorités sur les joueurs. José enclenche le contact. Après, avec Philippe Pérez, notre directeur général, je mène la négociation. Mais si un de nous trois ne sent pas un joueur, on ne le prend pas. Vous pouvez constater qu’on dit ce qu’on fait et qu’on fait ce qu’on dit.
Ce que vous faites avec Florian Thauvin n’a pas plu du tout à votre homologue lillois, Michel Seydoux (*).
– Dans le foot, la pression peut être énorme. J’ai dit que je souhaitais discuter avec lui au sujet de Thauvin et il l’a mal pris. D’où sa réaction. Depuis, nous nous sommes expliqués. Sans trahir le secret de notre échange, je crois qu’il regrette certains de ses propos. Dont acte.
Vous avez abandonné l’idée de recruter un deuxième joueur de couloir ?
– Non, nous souhaitons toujours renforcer notre attaque d’ici à la fin du mercato.
Avec un joueur de couloir ?
– Avec un attaquant.
Ça pourrait être un avant-centre ?
– Un attaquant, c’est soit un joueur de couloir, soit un avant-centre.
Pour Barton, où en êtes-vous ?
– Nous lui avons fait une proposition mais il doit se libérer de son contrat avec les Queens Park Rangers. Ça dépend de lui.
Des joueurs sont-ils susceptibles de s’en aller ?
– Le coach est satisfait de son groupe actuel. La seule ouverture, c’est avec Morgan Amalfitano. »
RAPHAËL RAYMOND
(*) Le président de l’OM a plusieurs fois affirmé son désir de recruter l’ancien attaquant bastiais qui a signé à Lille en janvier jusqu’en 2017. « L’acharnement dont il (Vincent Labrune) fait preuve aujourd’hui s’apparente davantage à de la bêtise et à un profond irrespect envers le LOSC », avait répondu Michel Seydoux dans un communiqué.