4 ans bravo
Je suis le père, a sa sortie de prison, je vais l'écraser a mon tour cette sous merde
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La mère tient compulsivement entre ses mains la photo de Samuel, son fils de 10 ans et demi, écrasé sur un coin de trottoir par un chauffard fou. Encore que le chauffard soit toujours fou. Le père tente péniblement de lire une lettre qu'il a rédigée à l'adresse des "jurés"... du tribunal correctionnel. Petite intrusion dans l'univers codé de la justice, pas toujours facile à décoder. Samuel Cordel, ou l'histoire d'un destin foudroyé.
Ce 28 juillet 2012, il se rendait à pied avec ses parents à un marché nocturne, quand a surgi la puissante BMW conduite par Alen Odobasic, 34 ans, un ex-cuisinier sans emploi, qui avait déjà six à huit bières dans l'estomac et qui n'en manquait guère.
En panne d'alcool, il venait d'en acheter quelque trente autres... L'enfant décédera de ses blessures, la jambe droite arrachée par le choc. "J'ai vu une voiture qui roulait comme une furie, a raconté hier Franck, le père. Il a frappé le trottoir et a foncé sur nous. Il a écrasé notre fils contre le mur."
Carole, la mère, sèche douloureusement ses larmes. Parfois, elle est saisie de petits tremblements. Pas facile de revivre le chemin de croix de l'été dernier, quand le destin vous saute à la gorge. Le pire aurait-il pu être évité ? Le chauffard s'était déjà vu retirer son permis. Il l'avait récupéré quelques semaines plus tôt. Détenu depuis bientôt un an, il avait deux fois le taux d'alcool autorisé dans le sang.
"Quand je suis sorti, j'ai vu le petit par terre. J'ai commencé à crier", assure le prévenu. Il conteste avoir voulu prendre la fuite, comme le rapportent les parents, qui ne seront eux que légèrement blessés. "Jamais, j'aurais fait ça !" répète-t-il. Le président Castoldi tente de mettre le chauffard face à ses responsabilités : "Vous savez la peine que vous encourez pour homicide involontaire aggravé ? Sept ans !" "Je boirai plus jamais de ma vie ! réplique le prévenu. J'ai brisé leurs vies. Je sais pas si je vais arriver à vivre avec ça : avoir tué un enfant." Le mis en cause a des accents de sincérité, mais il peine à comprendre que sa consommation excessive d'alcool est à l'origine du drame.
"J'avais des morceaux de chair de mon fils sur moi !" reprend la mère. "Tous les accidents sont injustes, mais celui-ci est particulièrement effroyable", résume Me Romy Lafond-Collard, au nom des victimes. Le procureur Emmanuel Merlin rappelle que "l'alcool et la vitesse génèrent plus de morts que le produit criminel de la voyoucratie".
Aujourd'hui, sur les lieux du drame, une stèle est dédiée à "Samuel, petit ange" et une page Facebook a été ouverte à sa mémoire. La défense a cité hier l'évangile selon saint Mathieu, "le pardon qu'on accorde aux autres pour ne plus se consumer de l'intérieur". "Quand on retire un enfant d'une maison, a plaidé Me Pierre Caviglioli, pour le chauffard, c'est comme si on éteignait la lumière, mais cela touche aussi celui qui éteint la lumière." Non, pour lui, son client n'est "pas un salaud". Alen Odobasic a écopé de 5 ans de prison, dont 4 ferme. Son permis a été annulé, sa BMW confisquée. Les parents ont obtenu 30 000 € de préjudice moral. Le chauffard est retourné en prison. Et à sa conscience éprouvée.