Je ne trouve pas de mot pour m'exprimer sur ce sujet. Vendredi dernier, nous nous sommes réunis en bloc devant la Préfecture et nous avions tous les même regard. Tous mobilisés pour ce collègue, victime du devoir. Ce soir là, dimanche 27 novembre 2011, quand il est parti de chez lui, il a embrassé sa femme et ses enfants en leur disant à demain. Sa femme lui a dit "Fait attention à toi chéri" ...comme tous les soirs. Il est parti prendre son service, il a croisé des collègues , il a rigolé, il est monté dans le véhicule et il a patrouillé ... comme tous les soirs. Pendant sa patrouille, il a contrôlé quelques individus louches, des jeunes en train de fumer des joints, on a du lui dire "Chef je suis en règle, vous pouvez vérifier" ... comme tous les soirs . Aux alentours de minuit, il est retourné au Commissariat afin de manger la gamelle qu'il s'était préparé dans la journée. Pendant cette collation, il a rigolé avec ses collègues, en train de parler de cul , ou d'une intervention qui les avaient marquées ou encore même des épisodes 1 et 2 de Braquo qu'ils avaient vu la semaine d'avant.... comme tous les soirs. Une fois le casse dalle terminé, ils ont rechaussés leur gilet pare balle et leurs armes et sont retournés en patrouille, rêvant d'une belle interpellation dans les règles de l'art , un braquage en cours ou pourquoi pas des cambrioleurs, en ce moment il parait que dans la zone sévit une bande surnommé le gang des disqueuses, ca ferait un beau palmarès. Il est 02h du mat', pas grand à chose à se mettre sous la dent sur la commune d'Aix en Provence ...comme tous les soirs. Soudain un appel Radio, " A tous de TN 13, un appel 17 nous déclare que deux véhicules suspect tournent dans la zone industrielle et leurs occupants seraient en train de cambrioler les magasins alentours ". Comme tous les soirs, la BAC d'Aix en Provence s'est annoncée sur les ondes " On se rends sur les lieux au plus vite ". Arrivé sur place, l'adrénaline est monté ... comme tous les soirs. "Le véhicule est devant nous , on le prends en chasse, il faudrait un équipage pour monter un barrage. On l'a toujours en vu. Priorité, priorité le véhicule a percuté le barrage, deux occupants du véhicule prennent la fuite a pied on les poursuit. "...Comme tous les soirs. "Priorité, priorité , on essuie une salve de tirs, on a un collègue touché, ils nous faut les pompiers, ya du sang partout. Dépêchez vous ." Malheureusement ce soir là, les balles ont atteints le collègue. Une balle en pleine tête , deux dans le corps. Les secours interviennent, notre collègue est entre la vie et la mort. Les bandits quant à eux en ont profité pour fuir et laissé derrière eux un des leurs mort pendant la rafale de tirs. Évidemment quand on ne sait pas tirer avec ces armes ils arrivent qu'on perde le contrôle de l'arme et qu'on tire sur les siens. Donc en plus d'avoir tué l'un d'eux, ils fuient, n'essayant même pas de sauver leur complice mais en plus profite d'avoir atteint l'un d'entre nous pour disparaitre. Conséquence de ce désastre, un fonctionnaire de police décède , laisse une veuve et deux enfants. J'entends déjà certains dire "C'est le risque du métier". C'est exact, nous savons que nous ne sommes pas à l'abri d'un contrôle qui se passe mal, d'un homme armé voulant en découdre; Mais jusqu’à présent, les échanges de tir entre policiers et malfrats étaient rare, plus souvent à la télé que dans la réalité. Alors pour 1700 euros par mois, je peux vous dire qu'on ne fait pas ce métier parce qu'on a vu de la lumière ou parce qu'on est bien payé. Si on le fait , c'est parce qu' on essaie de croire encore qu'on pourra faire quelque chose de ce pays. Eric Lales, repose en paix. Comme nous, tu aurais voulu d'une police meilleure, avec plus de moyen, comme nous tu aurais voulu d'une Justice plus ferme, et ne pas te dire chaque soir que tu vas arrêter quelqu'un qui va être remis en liberté le lendemain par M. Le Juge. Cher collègue , tu resteras dans nos mémoires !!
|