Skal a écrit:
Je parle du fait que finalement toutes les décisions intervenants sur les communes de la métropole seront prises par une équipe réduite qui aura tous les pouvoirs pour imposer ses choix, même s'ils ne connaissent rien aux préoccupations des habitants des zones qu'ils décident de modifier/améliorer.
Si un grand nombre de décisions resteront ou retourneront à l'échelle communale, pourquoi ne pas simplement mettre en place une entité qui ne s'occuperait que des transports et des 2 ou 3 autres dossiers principaux composant les 80% de l'intérêt stratégique de la Métropole.
Une sorte de 80/20 quoi, on y gagnerait surement en efficacité et les habitants des communes ne se sentiraient pas lésés quand des décisions pour leur mode de vie sont entérinées par des gens qui savent à peine les localiser sur une carte du département.
Je ne comprends toujours pas le sens de ta remarque, la métropole récupérera des compétences que les communes ont généralement déléguées aux intercommunalités, se sont donc des compétences que les élus communaux ont eux mêmes préféré traiter à plus grande échelle, la différence est que cette fois le périmètre sera réellement pertinent puisqu'il correspondra globalement au bassin de vie de l'agglomération identifié par l'INSEE et non plus à des arrangements. Les autres compétences, seront récupérées au département, à la région, et parfois même à l’État, donc là les décisionnaires seront à présent plus proche du terrain. Les seuls qui sont lésés dans cette affaire se sont les intérêts personnels des élus locaux (moins de sièges, moins de places de vice-présidence à se distribuer, disparition de doublons donc moins de possibilité de faire embaucher l'ancienne nounou de sa petite-fille etc.).
Skal a écrit:
Encore une fois tu pars du postulat que la Metropole est la solution unique. Forcément toute organisation lui enlevant de l'autorité sera néfaste.
Sauf que ce n'est pas cela que le déroulement a été perçu, c'est même tout le contraire.
Et tu parles de combine et de marchandage mais qui te dit qu'il n'en sera pas exactement de la sorte avec les élus de la Métropole. Avec des pouvoir bien plus étendus que ceux des maires communaux....
Il y-a deux possibilités :
1) l'intégration : on fusionne toutes les intercommunalités qui existent sur le périmètre de l'agglomération et on lui donne une légitimité démocratique que n'ont pas les intercommunalités, c'est la Métropole ;
2) la coopération : on conserve les intercommunalités actuelles, et on espère qu'elles parviendront à coopérer efficacement dans un certain nombre de domaines à travers des syndicats mixtes, c'est le Pôle Métropolitain.
Il y-a un constat qui s'impose :
Nos intercommunalités et avant elles nos municipalités, se sont avérées incapables de s'accorder sur la promotion de projets d'intérêts métropolitains ou même de se coordonner sur des domaines qui ailleurs font généralement consensus. Ce qui a eu par exemple pour conséquence :
- des schémas de cohérence territoriale qui sont fait à l'échelle des intercommunalités, donc sur des territoires économiquement peu cohérent. Ce qui aboutit certaines aberrations dont une des plus facilement identifiable est la multiplication des grands ensembles commerciaux périphériques, un foncier gaspillé, une politique de logements sociaux insuffisante et mal réparti ...
- une offre de transports collectifs insuffisante et incohérente, avec des zones d'habitat, des pôles universitaires, des technopoles, des zones d'activités industrielles, commerciales, portuaires et aéroportuaires qui ne sont pas connectées entre elles. En cause, là encore l'éclatement de l'agglomération et une absence de réelle volonté de coopération. Il y-a quelques années a existé une initiative d'un syndicat mixte des transports de plein exercice, qui a échoué en raison de l'opposition de certaines intercommunalités, démontrant une fois de plus la difficulté à mettre en place une coopération efficace même lorsqu'il y-a des besoins reconnus par tous. Alors sur cette question, les élus locaux ne sont pas les seuls fautifs des retards, il y-a eu aussi un déficit chronique d'investissement de l'Etat.
- un éclatement des politiques de développement économique. Demande par exemple aux responsables du Pôle Henri Fabre ce qu'ils pensent de la pétition des 109 maires, pôle qui représente un potentiel de plusieurs milliers d'emplois aéronautiques mais qui, à cheval entre plusieurs intercommunalités, se trouve souvent pénalisé par une absence de pilotage unique ;
- une prospection internationale et un marketing territorial contreproductif, là ça dépasse même une absence de coopération, c'est bien pire, nos responsables sont clairement dans une optique concurrentielle où chacun essaie de se chiper des activités alors qu'on ait sur le même bassin de vie. Résultat des courses, lorsqu'on démarche une entreprise pour qu'elle s'installe, le dirigeant, surtout lorsqu'il est étranger, qu'il a pour habitude de traiter avec des collectivités locales puissantes et véritablement représentatives des agglomérations, se demande dans quelle région de fous on lui demande se s'installer. C'est d'autant plus regrettable qu'il y-a beaucoup d'atouts : des pôles de compétitivité porteurs, des centres de recherche de premier plan, un positionnement géographique qui en fait un grand carrefour euro-méditerranéen, une bonne accessibilité internationale, une offre culturelle qui est globalement honorable, un cadre de vie qui n'a rien à envier aux autres, bien au contraire, le soleil, la mer, des stations de ski à 2 heures de route … normalement pas de soucis par attirer des actifs. Par contre, il y-a cette absence gouvernance à la bonne échelle, doublé d'une incapacité à coopérer, qui tire l'ensemble vers le bas en empêchant la résolution d'un certaines nombres de difficultés, je viens d'en énumérer quelques unes, voire même en les accentuant par des démarches individualistes néfastes.
Donc, si je suis favorable à la Métropole sur le périmètre qui a été défini, c'est pour plusieurs raisons :
1) cette historicité : je ne crois absolument pas en la sincérité des élus qui n'ont jamais souhaité réellement coopérer et qui brusquement, devant le menace du projet de loi de Métropole n'avaient plus que le mot coopération à la bouche. J'y vois surtout là un réflexe défensif de conservateurs dans une vaine tentative de conserver leurs petits pré carrés.
2) L'efficacité : la coopération est un processus nécessairement plus complexe, qui nécessiterait un accord de chaque intercommunalité sur des projets et sur des financements, cette démarche prendrait donc nécessairement plus de temps et avec des risques de blocage forcément plus grand. Or, du temps on en a déjà beaucoup perdu. La Métropole a pour elle l'avantage de d'exercer ses compétences sur une échelle pertinente et de disposer de son propre budget, ce qui simplifie les choses. Ça aurait été une pure folie de la refuser alors qu'ailleurs on en tirerait les bénéfices.
3) La démocratie : aujourd'hui les intercommunalités ont un fonctionnement et un mode d'élection qui ne favorise pas son approbation par les habitants, la plupart ne savent pas ce qu'on y fait et souvent même qui en est le président. Avec la métropole, il y-aura après 2020 des élections au suffrage universel direct, ce qui implique des débats et la confrontation des projets.
4) La rationalisation : la Métropole va permettre de diviser le nombre d'élus par 3 et réduire drastiquement les postes de vice-présidents. C'est d'ailleurs une des grandes raisons de l'opposition de beaucoup d'élus. A plus long terme, la clarification des compétences permettra de supprimer des doublons qui existent aujourd'hui entre communes et intercommunalités. Il devrait également en découlant des économies d'échelles sur un certain nombre de services. C'est aussi la suppression du Conseil Général qui se dessine, la Métropole et la Région récupérant ses compétences.
Par contre, de ta part je n'ai pas vu ne serait-ce que le début qu'un commencement d'explication sur pourquoi conserver une organisation qui ne fonctionne pas ?
Skal a écrit:
Voilà, rebelotte, tu pars toujours du même postulat, c'est étrange!
Alors soit, maintenant ca a été voté donc on peut considérer qu'i faut tout mettre en œuvre pour que cela fonctionne mais beaucoup de maires étaient contre et pas forcément pour des questions de perte de pouvoir, il y a des maires pour lesquelles la proximité avec ses administrés et un gage de bien être, de bien vivre. Et beaucoup d'habitant sont en accord avec cela.
HS les compétences de proximité seront toujours exercées par les communes.
Tes propos illustrent une nouvelle fois la confusion volontairement propagées par un grand nombre d'élus locaux.
Skal a écrit:
La métropole est passée en force, il aurait été bon de faire un référendum et de présenter des options à ce projet. Pourquoi cela n'a pas été entendu par nos dirigeants? Il serait intéressant de e poser la question.....
C'est le résultat d'un double vote de Assemblée Nationale et du Sénat, qui ne fait que corriger les erreurs engendrées par le passé, donc pour le passage en force tu repasseras.
Un référendum d’initiative locale aurait permis aux maires de se servir des budgets municipaux pour assurer leurs propagandes, de jouer des subventions allouées aux associations pour s'assurer une base de votants hostiles au projet et comme c'est une question qui ne passionne pas les foules, voir le taux d'abstention lors du référendum aubagnais, ça serait des avantages qui pèseraient sur un résultat qui n'est de toute manière que consultatif.
La vraie question, c'est pourquoi ce qui ailleurs est accueilli plutôt favorablement, voire même été attendu depuis longtemps, donne lieu ici à des débats aussi caricaturaux orchestrés par les élus ?