« J’aurai été catastrophique »
STÉPHANE MBIA n’a pas complètement renoncé au titre, mais il dresse déjà un sombre bilan personnel de l’exercice 2010-2011.
Sous le soleil du centre d’entraînement Robert-Louis-Dreyfus, Stéphane Mbia, qui a eu vingt-cinq ans hier, sort de sa voiture, costard bleu serré près du corps, pompes chics. Le Camerounais, sur le banc à Lorient (2-2, dimanche dernier), devrait être titulaire ce soir contre Valenciennes pour la première fois depuis sa blessure aux adducteurs en finale de la Coupe de la Ligue contre Montpellier (1-0, le 23 avril). Son absence a certainement pesé dans les derniers résultats de l’OM. Il livre ses sentiments à l’aube du baisser de rideau. MARSEILLE –
de notre envoyé spécial
« COMMENT AVEZ-VOUS vécu ces dernières semaines, loin de l’équipe ?
– Mal. Je suis vraiment très déçu. Regarder les rencontres de Lyon (2-3, le 8 mai) ou d’Auxerre (1-1, le 1er mai) de loin m’a terriblement frustré. Il ne manquait pas grand-chose à chaque fois, c’est ce qui est rageant. En fait, cette année n’a pas été facile pour moi, je me suis souvent blessé (il a disputé seulement 24 matches de L 1, dont 22 comme titulaire) et je n’ai pas pu apporter autant que j’espérais. On ne doit quand même rien lâcher. Ce n’est pas totalement fini. Pensons d’abord à gagner contre Valenciennes. Après, on verra.
– Le titre est pratiquement perdu…
– ... Le titre, c’est le truc le plus important pour un joueur. Ça évoque la régularité, la qualité sur des mois de compétition. J’aurai été catastrophique si on le perd. Je vous le dis : une saison ratée ! Nous n’avons plus notre destin en main, mais bon… Et puis, Lille a pratiqué un beau jeu. On ne doit rien lui enlever.
– Avez-vous des regrets ?
– Énormément. On a perdu des matches sur rien. Tenez, en huitièmes de finale de Ligue des champions, on est battus 2-1 à Manchester. Les Anglais ne m’ont pas impressionné et, à l’arrivée, ils vont gagner la C 1. Ils ne seront pas battus par Barcelone, vous allez voir…
– Au moins, il n’y a pas eu de débats sur votre poste, cette année.
– Ils sont clos. Au début, je voulais toujours être en milieu défensif, mais le coach m’a fait comprendre que j’avais des options différentes. J’ai été utilisé aux deux postes, car j’ai les capacités techniques et physiques pour le faire. Il m’a fait confiance. Je me suis renforcé mentalement.
« Taiwo voulait rester »
– On ne sait pas si Deschamps (sous contrat jusqu’en 2012) va continuer...
– … Nous non plus. On se pose la question entre nous. En tout cas, je veux qu’il reste. Il y a une super ambiance, tout le monde l’apprécie, on bosse bien, il est très bon. Pour pouvoir gagner des trophées, il faut donner les clés au coach. C’est très important. Si on veut se donner les moyens de nos ambitions, ça passe par donner les moyens au coach. Il a la gagne en lui.
– Mais vous allez perdre Taye Taiwo.
– Ça me fait mal, j’aurais aimé que le club le garde.
– C’est lui qui voulait partir, non ?
– Non, ils ne se sont pas mis d’accord, avec le club, sur certaines choses. Il voulait rester à Marseille mais il a signé à Milan (pour trois ans). Quand je cause avec lui, ça lui fait mal de partir. Il était chez lui ici. C’est vraiment douloureux.
– Avec du recul, que pensez-vous de votre comportement après la finale contre Montpellieer (*) ?
– Comme je l’ai dit devant le Conseil national de l’éthique, ce sont les supporters qui chantaient et on a repris ça avec Taye. Nous n’avons pas donné le bon exemple. Ça ne se reproduira plus. On n’aurait pas dû. On s’en est rendu compte trop tard.
– Êtes-vous certain d’être à l’OM l’an prochain ?
– Il n’y a aucune raison que je parte, mais le football est parfois particulier, vous n’êtes jamais sûr de rien. Je me projette avec Marseille, je suis bien ici. J’ai un contrat avec l’OM qui court jusqu’en 2013 (mais qui comporte une clause de sortie à 15 M€). L’année prochaine, il y aura une revanche à prendre. La Coupe de la Ligue, les huitièmes de finale de Ligue des champions, c’est bien, mais il faut récupérer le Championnat. Enfin, si on le perd cette année… »
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