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Deschamps veut partir
Lié jusqu’en juin 2014 à l’OM, le champion du monde ne souhaite pas poursuivre sa mission débutée il y a trois ans.
« POUR MOI, comme pour Margarita Louis-Dreyfus qui est très impliquée dans la vie du club, Didier Deschamps est l’entraîneur de l’Olympique de Marseille et il sera à la reprise lundi prochain », nous déclarait le président Vincent Labrune, hier, en fin de soirée, depuis la Suisse où il avait rendez-vous avec la propriétaire du club. La probabilité de voir « DD » à la reprise de l’OM, lundi prochain, est pourtant infime.
Le Basque de quarante-trois ans a décidé de quitter Marseille il y a plusieurs semaines. Bien avant que l’avenir de Laurent Blanc à la tête de l’équipe de France ne s’inscrive en pointillé. Vincent Labrune connaît ses intentions. Il ne veut ni les confirmer, ni les démentir. Deschamps, qui reste sur une saison difficile avec une dixième place au classement, des relations orageuses avec José Anigo, le directeur sportif, et distendues avec son président, a-t-il pensé le rebond de l’équipe, la saison prochaine, impossible ?
Le plan d’austérité exigé par l’actionnaire ne laisse pas augurer un recrutement ambitieux. Labrune a d’ailleurs défini les règles et elles ne sont guère excitantes : l’OM devra vendre quelques-uns de ses meilleurs éléments avant d’acheter. Une douzaine de jeunes issus du centre de formation ont été convoqués pour la reprise. Mais Deschamps a parfaitement le droit de douter de leur niveau, surtout au regard du classement de l’équipe réserve, qui a attendu la dernière journée pour sauver sa tête en CFA 2.
Gerets, Kombouaré,
Baup sont cités
Pour le moment, le patron et son salarié ne sont pas parvenus à finaliser les modalités d’une rupture. Sera-ce le cas d’ici à la fin de la semaine ? Il paraît inimaginable que l’OM contraigne Deschamps à l’exécution de son contrat. Même si celui-ci pèse dans les finances exsangues du club.
Lors de son intronisation, le 9 juin 2011, Labrune a offert à Deschamps une prolongation de deux ans et une revalorisation de ses émoluments. Deschamps est lié au club phocéen jusqu’en 2014 avec un salaire proche de 300 000 euros. Mais il a suffisamment bien gagné sa vie, lorsqu’il était joueur et depuis qu’il est devenu entraîneur, pour ne pas se focaliser sur les paramètres financiers de la très vraisemblable rupture de son contrat. Il l’a prouvé à Monaco (2001-2005) ou à la Juventus Turin (2006-2007), en quittant son poste sans rien exiger financièrement.
Une clause lui permet de quitter l’OM pour un autre club à chaque fin de saison, moyennant le versement d’une indemnité de 3,5 M€. Mais il n’est même pas certain que celui qui a remporté six trophées lors des trois dernières saisons avec Marseille (*) ait actuellement une solution de repli.
À part à Tottenham, où le nom de Laurent Blanc a été cité, les bancs qui pourraient attirer Deschamps sont occupés. L’entraîneur marseillais a intégré cette donnée et même si la Sampdoria, promue en Serie A, a un œil sur lui, il ne serait pas complètement opposé à l’idée de faire preuve d’un peu de patience. Bien sûr, il y a l’équipe de France. On voit mal Deschamps revendiquer sa direction tant que la position de son ami Blanc n’aura pas été clarifiée (lire page 6). Mais si Noël Le Graët décide de ne pas renouveler le contrat de l’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux, Deschamps fera figure de favori à sa succession. Entre la Coupe du monde au Brésil en 2014 et le prochain Euro organisé dans quatre ans en France, les échéances seraient suffisamment alléchantes pour oublier l’OM. Officiellement, les dirigeants marseillais n’ont pas préparé sa succession. Mais le nom de son prédécesseur, Éric Gerets, en difficulté au Maroc dont il est le sélectionneur, revient régulièrement. Anigo, lui, n’a jamais caché son estime pour Antoine Kombouaré, libre depuis sa mise à l’écart du PSG en décembre. Et Élie Baup, dont la dernière expérience remonte à la saison 2008-2009 (Nantes), rêve de retrouver un job. La jeunesse ne l’a jamais rebuté et ses exigences ne seraient pas un obstacle.
RAPHAËL RAYMOND
et HERVÉ PENOT