Ils l’avaient vu arriver les yeux remplis d’espoir il y a deux ans. Ils ne vont finalement le voir débuter en Ligue 1 que dimanche, les yeux pleins de crainte et de méfiance. Car deux ans après son arrivée à Marseille, Doria va enfin quitter le banc pour fouler la pelouse du Vélodrome. Dimanche, pour la première journée de championnat de la saison contre Toulouse, le défenseur central brésilien sera sauf surprise titulaire en charnière, associé à Tomas Hubocan, l’une des recrues estivales de l’OM. Cette association aussi improbable qu’angoissante au regard de ses prestations en matchs de préparation, c’est surtout le fruit de la nouvelle politique du club phocéen, où économies et bricoles ont remplacé grandeur et ambition. En attendant des jours meilleurs. En attendant, surtout, l’arrivée d’un investisseur aux reins suffisamment solides.
Doria l’indésirable est devenu une solution
Qui mieux que Doria pour symboliser ce changement de cap sur la Canebière ? Arrivé il y a deux ans avec le statut de grand espoir du football brésilien, le natif de Sao Gonçalo n’a jamais joué. Que l’entraîneur soit Marcelo Bielsa ou Michel, qui se sont tous les deux rapidement prononcés pour un départ en prêt. D’abord à Sao Paulo, puis à Grenade la saison dernière, où ses rares apparitions (une dizaine) n’ont jamais permis de rassurer sur le véritable potentiel du garçon. Et voilà qu’en quelques semaines, l’indésirable est devenu solution, quand bien même l’entraîneur en place était déjà dans les deux staffs qui n’ont pas laissé sa chance au Brésilien. A 21 ans, Doria fait pourtant l’unanimité aux entraînements, de l’aveu même de Franck Passi. Mais en compétition, c’est une autre histoire. Comme si le Brésilien avait perdu toute confiance au point de se laisser avaler par la pression une fois sur le terrain. On parle là de matchs amicaux. Car même à moitié vide, la pression sera bien différente au Vélodrome.
Jamais rassurant pendant la préparation
Utilisé à sept reprises pendant la préparation, dont quatre fois comme titulaire, Doria n’a jamais été serein. Auteur d’une grossière erreur contre l’Arminia Bielefeld sur le seul but de la rencontre (0-1), il n’a pas été plus rassurant samedi contre Palerme (1-1). Passes ratées, relances approximatives, couverture limite, il a manqué de peu de marquer contre son camp. Et cette impression constante que le ballon brûle les pieds du Brésilien, qui cherche sans cesse à l’envoyer le plus possible de sa zone de jeu. Pourtant, Franck Passi affichait encore sa satisfaction au sujet de sa charnière brésilo-slovaque samedi soir : « Ils ont très bien joué ensemble, ils ont été sur le même tempo, ils se sentent bien. »
Un intérim en attendant Fanni ?
Personne n’est dupe dans la cité phocéenne. Si Doria joue, c’est surtout parce que l’OM cherche à se débarrasser de Rolando et Karim Rekik. Le premier est en instance de départ, quand le second a été placé sur la liste des transferts. Samedi, le Néerlandais n’est entré qu’en fin de match… sur le flanc gauche de la défense. Le message est clair. Stéphane Sparagna prêté à Auxerre, l’OM ne compte donc plus que trois défenseurs centraux de métier dans son effectif si l’on exclut Rolando et Rekik. Ne reste donc plus que le jeune Baptiste Aloé pour venir disputer une place de titulaire à Doria. Bien mince. Il se murmure que Franck Passi compte beaucoup sur un retour de Rod Fanni. Ce dernier pourrait en effet revenir à l’OM avant la fin du Mercato. Et si tel était le cas, personne ne trouverait anormal que Doria retourne s’asseoir sur le banc. A moins d’un début de saison solide. Mais pour ce faire, le chemin est encore long.
_________________ HOJBERG 
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