Les supporters de l'OM ont déserté le stade Chaban-Delmas à la pause samedi. Le point de non-retour a été atteint. Des bâches toujours retournées en première période, une tribune vide en seconde : samedi soir au stade Chaban-Delmas, la rupture a été consommée entre l'OM et ses supporters.
Des bâches toujours retournées en première période, une tribune vide en seconde : samedi soir au stade Chaban-Delmas, la rupture a été consommée entre l'OM et ses supporters.
Photos Frédéric Speich
Le fossé s'est creusé semaine après semaine, au fil de la dégringolade olympienne. Banderoles retournées, grève des encouragements, appel à la défaite contre Montpellier... Le divorce entre cet OM-là et ses supporters devenait inéluctable. Il a été officiellement acté samedi à Bordeaux, aux alentours de 21h50.
Les Girondins menaient 2-0 à la pause, et les quelque 600 fans olympiens installés dans un coin de la partie Nord du stade Chaban-Delmas quittaient l'enceinte, à la mi-temps du match.
"Il valait mieux que ça se passe comme ça, plutôt qu'il y ait des incidents", commente-t-on du côté de l'OM. "Nous avons décidé de débâcher et de partir, on nous a dit que c'était possible à la mi-temps, raconte une supportrice. Tout le monde est descendu et on a pu regagner les bus, escortés, juste avant que la seconde période ne commence."
"Ça servait à quoi de rester ?, explique-t-on chez les South Winners. Le spectacle était pitoyable. On se faisait chambrer, on avait honte !" Le groupe du Virage Sud, qui devait fêter ses 25 ans contre Montpellier, le 11 avril dernier, avait déjà reporté la célébration, le coeur n'y étant plus. Un symbole.
Michel Tonini, responsable des Yankee, a, lui, zappé le déplacement en Aquitaine. Il a préféré alterner entre Real - Barça et Bordeaux - OM devant sa télé. Les membres de son association présents en Gironde lui ont téléphoné pour le prévenir qu'ils allaient rentrer plus tôt que prévu. "Personne n'avait envie d'y aller, confie-t-il. En ce moment, on y va parce qu'il faut qu'on y soit, qu'il y a une zone visiteurs à occuper..."
Samedi soir, 60 Yankee avaient pris place dans l'espace réservé aux Marseillais. Vendredi, à Lorient, ils devraient être dix fois moins. D'autres groupes pourraient, eux, carrément annuler le déplacement dans le Morbihan et ceux à Saint-Étienne et Sochaux. Quant aux Dodger's, ils réfléchissent à leur tour à maintenir la fête initialement prévue pour leurs vingt ans, le 13 mai, au moment de la réception d'Auxerre. Christian Cataldo, présent à Bordeaux, est résigné.
"Ce n'est plus la grève, c'est la désaffection, la déconfiture complète, lâche-t-il. La semaine prochaine, il faudra compter les gens. Le point de rupture a été atteint. Il est temps que cette saison interminable se termine. Cela ne va pas être évident pour la prochaine campagne d'abonnement."
Une inquiétude partagée par toutes les autres associations de supporters. "Ils font un stade neuf, mais si ça continue comme ça, il sera vide !, renchérit Michel Tonini. S'il n'y a pas une prise de position forte durant la prochaine intersaison, il n'y aura pas plus de 5 000 abonnés.Nous sommes toujours supporters de l'OM, mais pas d'un OM de ce type-là."
Rod Fanni : "On ne peut pasleur en vouloir"
En décembre 1999, le lendemain de la désertion à Saint-Étienne avait été particulièrement agité du côté de La Commanderie (lire ci-dessous). Après une journée de repos, les Olympiens reprendront l'entraînement cet après-midi à 16h30. Doivent-ils s'attendre à un accueil houleux ? Ce n'était pas d'actualité hier soir, même si comme d'habitude, la ville a bruissé de rumeurs tout au long de la journée. "Tu peux t'énerver après quelqu'un parce que tu sens que ça va apporter quelque chose, rétorque Michel Tonini. Mais là, il n'y a pas d'espoir."
De leur côté, les joueurs appréhendent-ils les retrouvailles ? "Nous préférons quand ils sont là, c'est sûr, tempère Rod Fanni. Nous sommes plus heureux lorsqu'ils sont contents. Ils sont déçus, on ne peut pas leur en vouloir. On ne peut pas les forcer à rester. C'est une décision qui leur appartient. Il faudra en parler avec eux."
"Quand on voit notre entame de match, je peux comprendre leur colère, alors qu'ils se sont déplacés pour nous soutenir, rajoute Alou Diarra. S'ils étaient restés, ils auraient apprécié notre seconde période." C'est vrai, mais il était déjà trop tard. La fracture est bien ouverte.
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